
Il se trouve qu’à force de retarder les échéances, Lou Bayrou se trouve pris au piège : il faut préciser les choses quant au prochain budget, dire où il va trouver les quarante milliards d’économies qui selon les spécialistes seraient en mesure de redresser nos finances publiques et de combler un déficit qui lui donne du souci, à lui et à tous les chantres du capitalisme en marche.
On ne touche pas à la richesse
Son souci est d’autant plus grand que le pognon n’est pas à récupérer dans les poches de ceux qui depuis des lustres accumulent des richesses de façon exponentielle : on ne touche pas à la richesse. Elle est hors sol, hors-jeu. Elle est, dit-on, indispensable à l’expansion du système et à la santé de l’économie. En plus elle n’a pas de patrie, pas d’adresse connue. Donc il est sûr que les milliards de cette richesse-là n’ont rien à craindre. Lou Bayrou veille sur eux, comme il l’a fait pendant toute sa carrière. Ce n’est pas à son âge qu’il va se déjuger. Mais son gouvernement est fragile.
Le pognon qui se voit
Par contre, tout cet argent qui traîne dans les caisses de l’État, dans les budgets ministériels, dans les caisses sociales, dans les collectivités territoriales, dans les projets sans cesse remis à plus tard, dans les poches de nos concitoyens, dans les ratés de la fiscalité, là il ne faut pas hésiter ! Il faut trancher dans le vif. Parce que là, le pognon, on sait où il est. Il se voit ! Une loi budgétaire et une petite écriture et ça tombe dans l’escarcelle d’un gouvernement qui pourra être fier de la tâche accomplie. Sa soumission aux principes sacro-saints de la compétitivité économique sera sous la protection du saint graal qu’il vénère.
J’écris ces lignes, ce mardi 15 juillet, au moment où le gouvernement met la dernière main des décisions redoutées, mais préparées par des campagnes bien lourdingues pour nous faire croire que des ponctions financières dans nos poches seraient tout à fait supportables. S’il en fallait une preuve, le projet de contribution des retraités aisés la fournirait : elle fait l’édito d’un « grand journal du soir » bien-pensant. En faisant des intéressés les responsables d’une situation dont ils seraient la cause. Salauds de riches, vous allez payer : bien fait !
Citons-en les quatre dernières lignes, elles exonèrent Lou Bayrou de toutes ses turpitudes. « Du point de vue de l’intérêt général, il est temps de rééquilibrer la dépense publique notamment en direction de ceux qui supporteront la charge de la dette que la génération précédente leur lègue »
Les retraités, les salariés, les citoyens, les contribuables, les gens « normaux » n’ont pas dit leurs derniers mots. Une bataille commence !
Jean-Marie Philibert