LE TRAVAILLEUR CATALAN

Chiffres estimatifs de la composition des groupes politiques à l’Assemblée Nationale.

Assemblée Nationale. Le contraste est saisissant entre une percée historique de la gauche désormais NUPES et la déferlante de l’extrême droite RN sur fond d’abstention massive et de déconfiture présidentielle.

Nous l’attendions avec impatience, ce dénouement, après ce long temps électoral. Certains ont sabré le champagne comme en Seine-Saint-Denis et d’autres comme dans les Pyrénées- Orientales et dans l’Aude ont subi le choc face au score sans appel d’un RN écrasant tout sur son passage. 

La NUPES en devenir

Les résultats de l’alliance à gauche, sur un programme social et humaniste novateur, est ce que nous devons retenir de majeur, quelles que soient les péripéties qui tournent autour des interprétations et des réalités locales. La question sociale a dominé le scrutin et les 147 députés de la NUPES peuvent être fiers de représenter l’avenir pendant que le président Macron, avec sa  « majorité relative » subit un revers quasiment historique dans l’histoire de la 5e République et pleure auprès de la droite traditionnelle pour essayer de sauver la face. 

De nombreux ministres sont battus, remettant en cause l’assurance prétentieuse d’une gouvernance particulièrement détestée par des millions de citoyens. La NUPES représente donc l’espoir. C’est un relais d’une longue histoire de la gauche qui a toujours gagné quand l’union s’est faite sur un programme clair. 

Le chemin pour y aboutir a été chaotique certes et les problèmes demeurent, d’autant que le déséquilibre entre les forces qui la composent n’aide pas à la sérénité (75 UP, 25 EELV, 25 PS et 12 PCF auxquels s’associeront entre 6 et 8 députés d’outre-mer). Dans cette belle diversité, saluons la présence de nouvelles élues telle Rachel Kéké, femme de ménage, dans l’équipe NUPES de la Seine-Saint-Denis, terrorisant par sa présence même plus de 400 députés qui défendent bec et ongle, de la droite à l’extrême droite, les intérêts de la classe dominante et financière. Et n’oublions pas Soumya Bourouaha, ancienne modéliste et enseignante auprès de l’enfance inadaptée, qui a succédé à Marie Georges Buffet, pour ne prendre que ces deux exemples d’un beau rafraîchissement de l’Assemblée nationale.

Un groupe communiste et associés (GDR)

Très rapidement les questions de fond sur ce que recouvre l’alliance émergent au lendemain des résultats. Nous pouvons apprécier la bonne tenu du PCF qui, malgré la restriction drastique de ses candidatures à 50 dans l’Hexagone, a réussi le tour de force d’augmenter son groupe d’une unité en créant les conditions d’une intégration  renouvelée de députés polynésiens et autres. 

Même si la pression pour effacer la diversité dans l’alliance est forte au vu les dernières déclarations faites par Mélenchon rêvant d’imposer un seul groupe à l’AN, elle exprime, bien au-delà des communistes, les caractéristiques d’une gauche imprégnée de l’esprit du Front Populaire à l’inverse d’un montage fourre tout de bipartisme à l’anglaise ou à l’américaine. 

Le jackpot du RN

Côté obscur, le front républicain n’a pas joué, où, quelle que soit la configuration, NUPES ou Renaissance (Macron), les voix ne se sont pas toujours retrouvées pour contrer les candidatures RN, avec un résultat catastrophique pour la démocratie, 90 députés d’extrême droite dans l’hémicycle. La désaffection des urnes n’a fait que renforcer cette tendance et accentué le résultat. Pour exemple, dans les P.-O., une partie de l’électorat populaire a été tentée par le vote anti Macron version RN comme ce fut le cas pour l’élection présidentielle. 

Cette question ne peut pas être réglée d’un tour de main. Elle ne mérite pas de polémique non plus. Il faudra pourtant s’y atteler vu l’énormité du score. C’est certainement, entre autres, dans la mise en mouvement des luttes sociales que pourront jouer les arguments pour écarter cette tendance lourde au repli et à l’acceptation de l’exclusion qui s’est installée progressivement depuis vingt ans dans presque toutes les régions, a fortiori là où le ver était déjà dans la pomme. 

Yvon Huet

 
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