Si la réalisation d’une liste unique à gauche pour les élections européennes se heurte à des divergences réelles sur la question européenne, l’urgence n’en est pas moins à remobiliser les électorats respectifs.
Les divergences politiques de fond condamnent la présentation d’une liste unique de gauche pour les élections européennes. La question européenne faisait partie des sujets mis sous le tapis pour créer la Nupes. Bien sûr, il y a sans doute des questions d’egos, de rivalités de personnes et des réflexes d’appareils. Mais il y a surtout des désaccords politiques profonds sur la question européenne. Quoi de commun entre des écologistes europhiles, fédéralistes, régionalistes et des communistes défenseurs d’une « Europe de peuples et de nations libres, souverains et associés », opposés à sa construction libérale et fiers d’avoir voté contre tous les traités ?
Quoi de commun entre un PS coupé en deux, pro-Nupes versus anti-Nupes, et une Fi qui, boostée par ses résultats aux présidentielles et aux législatives, se montre plutôt hégémonique agaçant au passage pas mal de monde. Huées contre Sandrine Rousseau et Marie Toussaint aux Amfis, invectives publiques entre les premiers dirigeants du PS, bouderies dans les prises de parole communes… Difficile pour les électeurs d’y voir clair.
Respecter les divergences
L’opération Ségolène Royal a fini d’embrouiller les cartes. Comment la gauche du Non au Traité constitutionnel européen de 2005 pouvait-elle se ranger derrière une égérie du Oui, derrière une ministre de Mitterrand et Hollande, derrière une ambassadrice de Macron ? Cette tambouille indigeste ne peut plaire aux électeurs. Quel gâchis !
Dans ce contexte, le choix d’une liste unique n’offrirait pas le meilleur résultat en nombre de sièges obtenus. Lors du dernier sondage Ifop da- tant des 30 et 31 août, si les quatre formations de gauche se présentaient séparément, elles obtiendraient un total de 32 % : 10 % pour LFI, 9 % pour le PS, pour EELV 8 %, et 5 % pour le PCF. Un total supérieur à celui que les partis de la Nupes réaliseraient en partant unis (25 %). L’urgence pour les gauches n’est pas de s’écharper mais de remobiliser leurs électorats respectifs et de reconquérir les abstentionnistes qui ne sont pas un bloc uniforme.
