LE TRAVAILLEUR CATALAN

Il y a eu le temps de la surprise : l’unité, pensez donc, ce n’est pas à l’ordre du jour. Il y a eu le temps des pas en avant : et si on discutait ensemble… Il y a eu le temps des hésitations. Il y a eu le temps des dominations, des calculs, des critiques, des jugements catégoriques, des hésitations. Il y a eu un temps pour les prises de conscience. Il y a eu le temps de la compréhension du sens des suffrages, de tous les suffrages (les  bons et les moins bons) donnés à la gauche. Il y a eu le temps de la responsabilité de tenter d’ouvrir une perspective qui rompe avec la fascination de certains, nombreux, pour les dérives fascisantes, qui renvoie Macron à ses pseudo-équilibres pour sauver le monde de la finance. D’ouvrir une perspective susceptible de redonner le goût de la politique à tous ceux qui l’ont perdu, qui ne votent plus ou blanc ou n’importe quoi. Dans ce troisième acte de  « Vous avez dit UNITÉ », il y a pour moi le temps de comprendre le sens de ces événements. Modestement.

Jubilons

Et pour commencer quelque chose qui provoque dans mon for intérieur une jubilation réelle : la peur semble avoir changé de camp. Les Macron boys étaient un peu inquiets devant la montée de la Marine qui s’y voyait presque. Et puis le petit tiers de l’électorat qui vote à gauche permet à une unité, dont on désespérait, de tenter de se faire un avenir aux législatives. Là la petite inquiétude devient grande trouille : la « banqueroute » pour Castaner, « une pétaudière » pour Ferrand, pour Macron, les mesures sociales envisagées… « ce serait sur le dos de nos enfants », et la mise en avant du mot qui fait encore plus peur « la décroissance ». Les media s’y mettent, ainsi du très progressiste le Point, le titre « Mélenchon, l’autre Le Pen »

Rompre

Si tous ces gens-là pensent que lutter contre les inégalités sociales est dangereux, ils ne peuvent que nous conforter dans une démarche qui est son ADN. Rompre avec tous ceux qui ont fait leur fonds de commerce de l’accommodement avec les forces de l’argent et de toutes les inégalités qui vont avec. Il est vrai que le PS s’y est complu, que Macron, un peu PS, aussi. Ils avaient oublié que la gauche ce n’est pas la loi El Komry, la retraite à 65 ans, la remise en cause des droits, des protections sociales, la charité pour ne pas crever de faim. La gauche c’est une voie de rupture avec l’ordre dominant. Pendant longtemps le PCF a donné le ton dans cette démarche avant de connaître un déclin dont il est plus que temps de sortir pour en finir avec le social libéralisme dont Hollande fut le champion.

Problèmes

La NUPES laisse entrevoir la rupture, ne règle pas tous les problèmes à gauche, problèmes éminemment dialectiques de concurrence, de rivalité, de diversité… et de rassemblement. Leur résolution passe sans doute par les interventions citoyennes et un retour vers l’engagement politique du plus grand nombre : elle supposera plus qu’une élection législative. Mais l’élection peut être un point de départ, servons-nous en.

Des avancées sociales sont indispensables, l’augmentation du pouvoir d’achat est plus que nécessaire, la renaissance des services publics est le moyen de nous sortir de l’ornière, l’élargissement des droits solidaires et des institutions qui les promeuvent est un gage de réussite d’une politique au service de tous.

Le reculoir au vide-grenier

Pour sortir du reculoir généralisé qui était devenu notre horizon depuis trop longtemps, et des batailles pied à pieds pour préserver ce que nous pouvions, il nous reste à réactiver, ranimer, revigorer, raffermir ce qui ne nous a jamais quittés, y compris dans ces temps les plus austères, notre volonté de lutte et notre soif de justice. La NUPES l’autorise si nous levons nos appréhensions, nos critiques, si nous gardons notre lucidité, si nous renforçons les luttes sociales, syndicales, si nous gagnons en force, en organisation, en compréhension d’un monde qui n’a pas fini de nous réserver des surprises.

Jean-Marie Philibert

 
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