LE TRAVAILLEUR CATALAN

Afrique

Le coup d’État opéré le 26 juillet dernier par des officiers de la garde présidentielle divise Occidentaux et Africains.

Le sort du Niger défraye la chronique internationale de cette fin d’été. Occidentaux et Africains sont divisés, la junte profite de cette division pour se maintenir au pouvoir et confirmer la destitution du président Mohamed Bazoum, allié de la France. Cette ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest, vaste territoire du Sahel sans accès à la mer, est indépendante depuis 1960. Depuis lors, le pays a connu cinq coups d’État. Le Niger détient nombre de ressources naturelles, or, fer, charbon, uranium et pétrole, mais n’en reste pas moins l’un des pays les plus pauvres au monde.

Peut-on encore imposer la démocratie par l’ingérence ?

 Réuni le 14 août, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), chargé des conflits, a décidé de rejeter le recours à la force contre la junte nigérienne, tout en suspendant le pays de toutes les activités de l’UA. Pays frontalier du Niger, l’Algérie (951 km de frontière) rappelle régulièrement son rejet de toute intervention militaire, de même que le Mali et le Burkina Faso, au contraire de la France et de certains de ses « alliés » africains. Cette crise rappelle le jeu cynique que les anciennes puissances coloniales jouent sur le continent africain. La France, en particulier, n’a eu de cesse d’entraver la volonté des peuples africains de choisir un autre type de développement que celui décidé par l’ancienne puissance coloniale Le soutien aux divers dictateurs qui ont pillé leur pays, à l’image de la famille Bongo au Gabon, a fait monter petit à petit l’exaspération des populations contre les anciens maîtres et leurs séides locaux.

Tout pour contrer l’aspiration à l’émancipation des peuples

Chaque fois que des leaders africains ont voulu mener une réelle politique d’émancipation et de récupération de leurs richesses naturelles, ils ont été liquidés, que ce soit Patrice Lumumba au Congo dans les années 60, ou plus récemment, le capitaine Thomas Sankara au Burkina Faso. L’argument du rétablissement de l’ordre constitutionnel au nom de la démocratie ne passe plus auprès d’habitants meurtris qui gardent en mémoire la série d’échecs dans les interventions occidentales, le désastre libyen après 2011, le basculement de l’Irak dans la guerre civile à la suite du déferlement anglo-saxon en 2003, le retour des talibans en Afghanistan après vingt ans de guerre… Une grille de lecture qui s’impose désormais pour analyser les bouleversements qui surviennent au Sahel. La déliquescence des pouvoirs en Afrique laisse la porte ouverte à toutes les aventures putschistes, avec l’ombre portée des milices privées, telle Wagner, au service du nouvel impérialisme poutinien sur le continent. 

Roger Rio

 
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