LE TRAVAILLEUR CATALAN

La preuve, une nouvelle, par Bétharam : un fait divers ne se suffit plus à lui-même. Les faits divers fonctionnent en troupes, en séries, en escadrilles. Ils mettent du temps à se répandre, à être crus. Un seul témoin ne suffit pas. Les médias font la fine bouche avant de leur donner droit de cité. Les lecteurs-spectateurs que nous sommes n’y croient pas vraiment : « ce n’est pas possible ! il y a de la manipulation dans l’air ! Qui a intérêt à faire circuler une telle information ! Pourquoi maintenant ? » Il faudra une avalanche de faits pour qu’on commence à y croire, pour qu’on se résolve à accepter l’inacceptable et qu’on comprenne la fragilité de nos normes ou de nos croyances.

Les escadrilles des pouvoirs phallocratiques

Ainsi de « Me-too » et des mœurs faisandées de milieux « artistiques  » où la gent masculine jouissait sans vergogne de son pouvoir phallocratique, distribuait des avantages conséquents à de belles actrices en attente d’un lancement rapide de leur carrière… en échange de faveurs obtenues à « l’insu de leur plein gré », aurait précisé le champion cycliste inventeur de la formule.

Ainsi des violeurs de Gisèle Pélicot dont on avait peine à croire les « exploits indignes », dont la culpabilité du mari était hors normes et d’une duplicité absolue, dont le procès a fait pendant des semaines la Une de l’actualité : le nombre a rendu le fait divers d’une véracité absolue. IL a fallu tout son courage de victime pour faire face. Ainsi quelques semaines plus tard, c’est un chirurgien pédophile, Joël Le Scouarnec, qui doit rendre des comptes lors d’un procès, après avoir violé près de 300 enfants en passant entre les mailles des filets inopérants de la police, la justice, du Conseil de l’Ordre.

Le respect des personnes bafoué

Quant à Bétharram, Lou Bayrou aurait bien aimé que les nouvelles qui se répandaient autour de cet établissement privé restent circonscrites à quelques victimes fortes têtes  et à quelques personnels excités. Catastrophe. La pratique est ancienne, les victimes très nombreuses, les coupables oubliés.

L’affaire de Bétharram dévoile les violences, les sévices, les viols subis par les élèves, le contraire de ce qu’on attend d’un établissement scolaire privé, sous contrat avec l’Éducation nationale ; le tout occulté, caché, ignoré par ceux qui auraient dû voir, qui savaient un peu, sans doute, qui acceptait l’inacceptable.

Chaque fois, il a fallu le nombre pour que les turpitudes, les déviations, les crimes soient traités à la mesure de leur gravité et de leur ampleur, comme s’il ne fallait pas empêcher les masques du désordre dominant de jouer leur rôle de cache-misère. Les quelques voix courageuses qui tentaient de se faire entendre n’étaient pas audibles. Les services publics, malmenés, ne jouaient pas leur rôle.

Ne jamais s’asseoir sur les consciences qui résistent

Bétharram est emblématique de cette dérive dont profitent les tordus en tous genres qui estiment normal de ne pas respecter le droit, la morale, de s’asseoir sur les consciences qui résistent. De croire que la force et la violence suffisent. Du ministre de l’Éducation, aux inspecteurs missionnés, ils n’ont rien vu, entendu alors que ces pratiques étaient notoires, que l’enseignement privé peut, s’il le faut, sans vergogne les utiliser.

La parole des victimes, les témoignages des lanceurs d’alerte, des témoins sont constitutifs d’une démocratie à construire au quotidien, où l’écoute attentive, scrupuleuse doit céder le pas au silence imposé pour faire croire que tout baigne dans un monde organisé. Eh bien non ! Ça ne baigne pas. Nous ne cessons de le dire. La preuve pas Bétharram. N’attendons pas : ouvrons nos gueules, sans retenue, quand il le faut.

Jean-Marie Philibert

 
Cet article est en lecture libre. Pour avoir accès à l'ensemble du site, merci de vous connecter ou vous inscrire

ARTICLES EN LIEN

Humeur estivale - Pour cette ultime humeur, avant les vacances largement méritées, je vais vous amener à la plage et pas n’importe laquelle : une plage ancienne, à la limite des côtes de sables et de rochers où…

Humeur estivale Lire la suite »

L’heure de Lou Bayrou ! - l se trouve qu’à force de retarder les échéances, Lou Bayrou se trouve pris au piège : il faut préciser les choses quant au prochain budget, dire où il va trouver les quarante milliards d’économie…

L’heure de Lou Bayrou ! Lire la suite »

U – N – I – O – N ! - Quel que soit le cas de figure, je reste un inconditionnel de l’union. Pas l’union pour l’union, celle qui gomme les aspérités, qui peint tout de la même couleur. Non ! Celle qui connaît les…

U – N – I – O – N ! Lire la suite »

Humeur estivale - Pour cette ultime humeur, avant les vacances largement méritées, je vais vous amener à la plage et pas n’importe laquelle : une plage ancienne, à la limite des côtes de sables et de rochers où…

Humeur estivale Lire la suite »

L’heure de Lou Bayrou ! - l se trouve qu’à force de retarder les échéances, Lou Bayrou se trouve pris au piège : il faut préciser les choses quant au prochain budget, dire où il va trouver les quarante milliards d’économie…

L’heure de Lou Bayrou ! Lire la suite »

U – N – I – O – N ! - Quel que soit le cas de figure, je reste un inconditionnel de l’union. Pas l’union pour l’union, celle qui gomme les aspérités, qui peint tout de la même couleur. Non ! Celle qui connaît les…

U – N – I – O – N ! Lire la suite »

Humeur estivale - Pour cette ultime humeur, avant les vacances largement méritées, je vais vous amener à la plage et pas n’importe laquelle : une plage ancienne, à la limite des côtes de sables et de rochers où…

Humeur estivale Lire la suite »

L’heure de Lou Bayrou ! - l se trouve qu’à force de retarder les échéances, Lou Bayrou se trouve pris au piège : il faut préciser les choses quant au prochain budget, dire où il va trouver les quarante milliards d’économie…

L’heure de Lou Bayrou ! Lire la suite »

U – N – I – O – N ! - Quel que soit le cas de figure, je reste un inconditionnel de l’union. Pas l’union pour l’union, celle qui gomme les aspérités, qui peint tout de la même couleur. Non ! Celle qui connaît les…

U – N – I – O – N ! Lire la suite »

1 / ?