Il est des actes qu’un entendement humain a beaucoup de mal à cerner et même à dire. Il reste « la folie » pour en parler, pour dire l’indicible ou tenter d’en approcher. C’était il y a plus d’une semaine : une jeune collégienne, Lola, était sauvagement tuée à Paris, dans le 19e arrondissement. Son corps était retrouvé dans une malle en plastique. Ses parents gardiens d’immeubles ne la voyant pas revenir à la sortie du collège avaient donné l’alerte. Les recherches s’organisent : dans la soirée un appel signale à la police le corps d’une petite fille dans une malle déposée dans une cour d’immeuble. Le corps est mutilé, la jeune fille est morte asphyxiée. Le meurtre d’une enfant : on est dans la barbarie.
Une tragédie
Rapidement parmi les suspects interpellés, Dahbia B, une marginale de 24 ans arrivée en France d’Algérie il y a six ans, fait des déclarations confuses, mais qui témoignent de sa culpabilité et des sévices qu’elle aurait fait subir à la jeune fille dans l’appartement de sa sœur qui loge dans la même résidence que la famille de la collégienne. Une expertise psychiatrique est réalisée. Les mobiles du crime sont pour le moment impossibles à cerner.
Il semble très difficile de faire la lumière sur une tragédie dont on imagine la douleur brutale, incommensurable qu’elle a provoquée chez les parents, les proches de Lola.
Recueillement
Il n’est pas dans mon propos de disserter sur l’événement, sur ce qu’il révèle, sur l’émotion plus que compréhensible qu’il suscite, sur l’inhumanité absolue de ceux qui peuvent s’en rendre coupables. Le monde médiatique fera le nécessaire. Sans avoir la réponse à la compréhension d’un acte de folie pure qui devrait avant tout nous servir à renforcer notre solidarité pour être plus fort face à la mort provoquée, absurde.
La demande des parents va dans le sens de ce recueillement : « Dans l’effroi et la douleur dans lesquels nous sommes, nous aspirons à la paix et au recueillement pour faire notre deuil. Pour la mémoire de Lola, nous souhaitons que les diverses cérémonies se déroulent dans un esprit de sérénité et de calme, loin des agitations politiques et médiatiques ».
Se servir de l’horreur
Or la suspecte était en situation irrégulière, elle faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire qui n’a pas été exécutée. D’où la récupération politique d’une extrême droite, sans conscience, ni dignité, « la France est coupable ! » qui a appelé à des rassemblements, ou des actes publics (ainsi devant la Mairie de Perpignan) elle se sert de l’horreur de ce geste, de l’émoi profond de l’opinion publique pour y déverser les trop plein de haine dont les Zemmour, Le Pen, Bardella, Aliot et consort ont fait leur marque de fabrique. La folie et l’indignité font bon ménage dans nos temps troublés.
Jean-Marie Philibert