Ah, qu’il est loin le monde d’après ! Car la Covid a bon dos. Le capitalisme, dont nous avions pu chaque jour, depuis des décennies, mesurer l’inhumanité, tire un profit intolérable de la crise sanitaire. Le cynisme atteint un niveau qui étonne même les témoins les plus rompus aux coups tordus du grand patronat et du monde de la finance.
On avait connu les licenciements boursiers où jeter des salariés à la rue et des familles dans la misère permettait de gonfler les avoirs des actionnaires. Voici venu le temps des licenciements Covid où la pandémie sert de paravent à la casse organisée du tissu économique du pays.
Ainsi la richissime famille Mulliez, magnats de la grande distribution, a vu la rentabilité de sa maison mère, Auchan, croître de 79 % entre mars et mai… et elle invoque la Covid pour licencier 1400 salariés. L’équipementier automobile Valeo profite de la crise sanitaire et des décrets et lois fournis par Macron et ses prédécesseurs pour casser à tour de bras les acquis sociaux ; tout y passe : augmentation du temps de travail, gel des salaires, flexibilité accrue… Un autre équipementier, Inteva, dans les Vosges veut profiter de l’ordonnance Macron du 20 mai pour laisser son entreprise qui est en redressement judiciaire, faire effacer les dettes puis la reprendre… en prenant soin de se séparer des 241 salariés. Quant à General Electric qui avait promis de créer 1000 emplois lors du rachat d’Alstom effectué avec la bénédiction d’Emmanuel Macron, il envisage de fermer deux sites et de supprimer 750 emplois. Et Bridgestone, Renault, CCG, Airbus, Nokia, La Halle, André, Hop !, Alinéa, Hyatt… La liste est longue des entreprises qui ont supprimé des emplois.
Au total plus de 49 000 emplois avaient été bradés entre mars et août selon la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques. Et des milliers d’autres sont dans la ligne de mire du patronat.
Même le ministre de l’Economie est contraint de reconnaître timidement que la crise sanitaire est une mauvaise excuse aux mauvais coups capitalistes. Mais pas plus lui que le reste de la Macronie n’agissent contre ce déferlement. Au contraire, le gouvernement a offert huit milliards d’euros à l’automobile, dont a profité Valeo. Il perpétue le Cice qui remplit les poches de Mulliez. Il refuse d’interdire les licenciements Covid, de conditionner les aides à des critères sociaux et environnementaux.
Pourtant les solutions existent pour lier relance industrielle, justice sociale et transition écologique. Le Parti communiste a lancé une pétition nationale avec cinq revendications pour l’emploi. Les députés et sénateurs communistes viennent de présenter un contre-plan de relance bien différent du plan gouvernemental, à la fois par son ampleur (252 milliards d’euros) et par son contenu avec 117 mesures.
Aux salariés, aux chômeurs, aux jeunes de s’en emparer pour faire venir le monde d’après !