Précarité dans le département…

La réalité de la misère, dans les Pyrénées-Orientales plafonne dans des sondages qui la mettent dans le peloton de tête des départements français.

En ouvrant notre page internet avec le mot pauvreté, que lisons-nous en exergue ? « Selon les départements, entre 5 et 25 % des habitants sont pauvres, au seuil de 50 % du revenu médian. Le taux de pauvreté se situe pour les ménages autour de 1 050€. Ce qui est le cas de 21 % des ménages des Pyrénées-Orientales contre 14,7 % en France ». (INSEE 14 mai 2021). Dans la série noire, Tribune Occitanie enfonce le clou : « Au total, 109 405 personnes (soit 22,71% de la population des P.-O.) sont bénéficiaires d’une ou plusieurs aides sociales. Le nombre de personnes couvertes (en incluant les autres membres de la famille) représente 236 315 personnes (soit 49,06%) ».

Souffrance intergénérationnelle

La majorité de gauche au Département est certes sur le pont pour créer les conditions d’aides multiples pour panser les blessures et tenter des réinsertions. Reste la débrouille à laquelle sont habitués des pauvres frontaliers qui utilisent tout ce qu’ils peuvent pour survivre ici et là. Il suffit de lire régulièrement l’Indépendant pour vérifier la réalité d’une marginalité récurrente dont les mafias profitent pour gérer leurs gains illicites. Reste aussi la chaîne des solidarités qu’il faut saluer, qu’elle soit individuelle ou collective, qui ne s’arrange pas de cet existant intenable. Malgré cela, la pauvreté continue de tarauder le département sous le regard de fer d’un Canigou qui en a vu tant passer avec leur baluchon, y compris pour creuser ses flancs pour récolter le minerai et le bois. 

La pauvreté ne concerne pas que lesdits « marginaux » qui ont décroché et vivent au gré des aides et de la débrouille. Elle s’incruste aussi chez lesdits « normaux », particulièrement les retraités qui, pour beaucoup, les femmes majoritairement, n’atteignent pas les 1 000€ par mois dans un contexte d’inflation galopante. Elle atteint aussi les jeunes qui sont broyés avant même de sortir du cycle éducatif, par la précarité ambiante, les bas salaires et la « flexibilité » de petits boulots. Dans la spirale de la chute, l’isolement que provoque la pauvreté n’incite pas de nombreuses victimes à demander l’aide à laquelle ils ont droit. 

Changer la donne

La solidarité de chacune et chacun et la gouvernance territoriale ne peuvent à elles seules sortir la pauvreté de son tunnel. A cela deux raisons essentielles : – la case « travail » n’est pas au rendez-vous pendant que les patrons imposent la précarité et le moins disant dans un contexte très rétréci d’offres ; – le pouvoir actuel incite à réduire drastiquement les conditions du service public et de la protection sociale.

Le pacte social et républicain est en train de craquer. Dans ce contexte, il est donc urgent de récupérer le trop plein de richesse d’une caste immensément riche qui fait de la pauvreté « secourue » le socle de sa tranquillité.

Yvon Huet