LE TRAVAILLEUR CATALAN

L’éducation nationale n’a pas un ministre, elle en a trois. Chacun y va de son idée géniale qui va tout arranger sans que cela coûte un kopeck, et même, cerise sur le gâteau, si l’idée en question présente l’avantage d’être copieusement rétrograde au point de recycler les vieilles lunes qui ont fait rêver nos mémés et nos pépés, cela peut peut-être faire réapparaître le Jules Ferry du 21e siècle.

Attal, Belloubet

Gabriel ATTAL I’avait pressenti le filon et devant les difficultés du service public, la baisse de niveau, l’absence de mixité sociale affichée, avait remis au goût du jour une vieille pratique de l’école d’antan les groupes de niveaux pour permettre aux moins bons de le rester sans que cela se voie. Et tous les commentateurs d’applaudir devant cette permanence insupportable de l’école : le tri social. à charge pour Belloubet IIe d’affronter la grogne des organisations syndicales, de défendre le choc des savoirs et de trouver une solution qui permette de les mettre en place sans moyens, de sauver la face et de faire croire que l’on réforme quand même. Même si les personnels sont vent debout contre la réforme.

Et maintenant Macron

Mais l’histoire n’est pas finie, un troisième larron, Macron III, s’invite pour manifester son intérêt pour un sujet qu’il considère comme sa chose. IL prend de la hauteur, de la distance. IL veut inventer « l’école normale du XXI e siècle » pour former les maîtres qui rechignent à appliquer ses réformes. Il annonce un « big bang » dans la formation des professeurs qui ressemble étrangement à un rétropédalage : il suffit d’un trait de plume d’amputer de deux ans ladite formation. Il avait fallu des décennies pour unifier à cinq ans la formation des professeurs des écoles, des collèges, des lycées, pour en modifier les contenus, les concours.

Trois ans suffisent

Cinq ans, c’est trop ! Trois ans suffisent ! Bien sûr tout cela sera très professionnel, avec du temps passé dans les écoles, et même peut-être un début de salaire. Quant à l’augmentation générale des rémunérations, rien n’est dit pour rendre attractif le métier. Les salaires attendront, les nouveaux profs seront aussi mal payés que les anciens. Mais ils auront perdu des arguments pour le revendiquer et les savoirs pour les justifier. La crise des recrutements réglée. Les facultés dans le pétrin. Des économies substantielles réalisées et des cursus universitaires réduits comme peau de chagrin. La grande avancée des savoirs devient une coquille vide que l’Intelligence artificielle remplira de ses inventions prodigieuses. La destruction du service public est en marche rapide.

Trois mousquetaires sont aux manettes : il est plus que temps d’en finir avec les illusions d’un savoir émancipateur, avec une ascension sociale que l’école, l’université, sont en mesure de structurer, avec ces syndicats d’enseignants qui croient encore aux valeurs républicaines.

Ils n’ont pas compris que le réel résiste, que l’école n’est pas un théâtre dans lequel les consciences se diluent, qu’elle est un bien commun où se façonnent les destins au milieu de toutes contradictions sociales dans lesquelles les engagements citoyens sont appelés à jouer tout leur rôle. Et jusqu’à ce jour ils l’ont joué. N’en déplaise à tous ceux qui ont voulu se prendre pour le nouveau Jules Ferry.

Jean-Marie Philibert

 
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