Il s’en passe de drôles sur la planète : à Munich, le vice-président états-unien vient nous donner des leçons de démocratie en nous demandant d’être plus ouverts aux idées d’extrême droite. Trump et Poutine cherchent à faire la paix en Ukraine… sans les Ukrainiens et les Européens. Gaza est promise à devenir une nouvelle Côte d’Azur… sans Gazaouis, bien sûr. L’OTAN n’existe plus. Dans le bureau ovale de Washington, la rencontre entre Trump et Zelensky tourne au pugilat sous les yeux d’un monde éberlué. L’Europe a du mal à faire face, les alliances sont bousculées. Les peuples sont inquiets devant des convulsions dont on ne sait pas ce qui peut en sortir. Les périls sont là, et d’aucuns ne les voient pas. Chacun raconte la sienne et préfère s’en tenir à ses solutions, à un statu quo impossible et répétitif, quitte à n’être que victime d’une désintégration dont le pire peut surgir : les puissants tirant, bien sûr à nos dépens, les marrons du feu d’un remodelage du monde.
La contre-offensive des peuples, des États, des alliances ne peut que se nourrir de nos idéaux républicains, de nos valeurs nées des Lumières, de la démocratie, de la solidarité sociale, féministe, écologiste, du progrès social partagé, d’une construction européenne qui prendrait ses distances avec un capitalisme sauvage dont elle a du mal à se départir.
Le modèle est à inventer à contre-courant des dérives actuelles, dont il importe de mesurer les dangers mortifères pour la liberté, pour la justice, pour l’égalité.
Il est totalement illusoire de croire que l’on en fera l’économie, que l’on assistera en spectateur à un affrontement des puissants qui veulent voir leur domination s’exacerber et s’épanouir. Nous en serons les victimes expiatoires. Ils (Trump, Poutine et leurs affidés…) veulent mettre les pays européens au pas en usant et abusant de nos difficultés. Ils veulent nous imposer des modèles que nous avons combattus et qu’ils parent de toutes les vertus. La mobilisation populaire pour la justice, la paix, la démocratie, dans la perspective d’un nouveau projet européen construit avec les peuples et avec le monde du travail, est une urgence. Elle nous concerne au premier chef.
Jean-Marie Philibert
