LE TRAVAILLEUR CATALAN

De René Granmont

Fallait-il passer autant de temps à jouer les docteurs en orthographe pour savoir si l’abominable saillie d’un député du RN – « qu’il retourne en Afrique » ou « qu’ils retournent en Afrique » – s’adressait au député de la France Insoumise qu’il venait d’interrompre ou visait ces centaines de naufragés de la guerre et de la misère en perdition dans la Méditerranée ?

Il était parfaitement inutile d’ergoter tant les profils sur les réseaux sociaux de ce député du RN débordent d’un racisme nauséabond. Ces propos, au singulier ou au pluriel, mal camouflés derrière les habits bruns légèrement repeints, ne sont que le révélateur de la nature profonde du Rassemblement national qui s’est empressé de défendre son élu raciste. 

Et s’il en fallait une autre preuve, rappelons le choix de son vice-président, maire de Perpignan, de donner à une place de sa ville le nom d’un chef d’une association terroriste responsable de l’assassinat de 70 personnes dans l’Hexagone.

Qu’on ne vienne donc pas nous faire croire que le Rassemblement national a rompu avec son vieux fonds de commerce xénophobe, qu’il est devenu un parti comme les autres, qu’il pourrait devenir fréquentable ! 

Certes, pour certains, pour les nantis, les puissants, il est bien utile. Utile de faire croire qu’il est un opposant à la politique gouvernementale pour dévoyer ainsi le profond mécontentement qui traverse le pays. Mais une opposition de carton-pâte lorsqu’on fait le bilan des premiers mois de la législature. Les députés d’extrême droite ont voté pour la plupart des articles de la réforme du chômage, la baisse des impôts de production, exclure l’achat de mangas du pass culture ; ils ont voté contre l’augmentation du SMIC, l’indexation des salaires sur l’inflation, le blocage des prix des produits de première nécessité, le gel des loyers, le rétablissement de l’ISF, la taxe sur les superprofits, le recrutement de sapeurs-pompiers, etc.

Et, par exemple, à l’occasion du prochain scrutin qui aura lieu dans le canton de Perpignan-V, il n’y a pas à tergiverser : l’unique moyen d’exprimer réellement son mécontentement face à la politique désastreuse du gouvernement sera de voter, de faire voter pour le binôme de gauche rassemblant Mathias Blanc et Françoise Chatard.

 
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