LE TRAVAILLEUR CATALAN

Édito n°4079

Tel un Seigneur à ses vassaux, Bayrou prend à partie le peuple de France, nous rappelant nos nombreuses fautes : nous ne travaillons pas assez, trop de jours fériés, trop de congés payés, nous dépensons trop pour notre santé, nous sommes trop longtemps malades, trop assistés, les retraités coûtent trop cher… Bref, pauvres gueux, vous n’êtes pas à la hauteur !

Créer un électrochoc, provoquer une sidération pour que les Françaises et les Français avalent la couleuvre et acceptent l’inacceptable : jeter par-dessus bord notre modèle social, construit pas à pas, dans les luttes, grâce aux acquis sociaux des générations qui nous ont précédés ! Telle est la stratégie d’un Premier ministre cynique, dépouillé de toute valeur morale et qui plus est, s’enorgueillit d’être allé au plus loin dans l’ignoble.  « Ce que je fais là, personne n’a jamais osé le faire en France », a-t-il répété en boucle ces derniers jours au Point, puis dans l’amphithéâtre où s’est tenue sa conférence de presse. Ce qu’il fait là ? Des dizaines de milliards d’euros de coupes dans les budgets de l’État, des collectivités territoriales et de la Sécurité sociale. C’est un projet politique pour le capital, qui impose la saignée au peuple, aux plus modestes, aux plus vulnérables. Et tant pis si la pauvreté atteint son plus haut niveau en France depuis 1996… C’est un projet visant à marchandiser le travail, les biens publics, la protection sociale et la santé… bref, les vies. 

Si Bayrou se permet d’avancer un tel plan, c’est aussi parce qu’il considère que la gauche, dans sa désunion, est tétanisée. Une majorité de nos concitoyens refusent ce projet. Dès lors, la plus grande vigilance s’impose : le rejet passif et le sentiment d’impuissance peuvent alimenter l’extrême droite qui, moyennant quelques mesures subsidiaires sur les droits des immigrés, pourrait avaliser ce projet. À cet égard, soyons assurés que Bayrou ne reculera devant aucune compromission pour rester sur le ring.  Quand Bayrou saigne le peuple, les gauches politiques doivent plus que jamais prolonger, nourrir le travail syndical, porter la perspective du commun, pour riposter et lever des actions unitaires bien au-delà de ce qui a été fait ces dernières années. Elles ont su le faire en juillet 2024 lors de la dissolution de l’Assemblée par Macron, sans pour autant l’empêcher de rester aux manettes. Là, c’est le mur du son qu’il nous faut franchir pour éradiquer définitivement ce pouvoir ! 

Au-delà du ton acerbe de cet édito, la question essentielle est : qu’est-ce que faire société ? À nous d’y répondre, collectivement. 

 
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