Éducation
Enseignants, CPE, AESH, assistants sociaux, infirmières, chefs d’établissement, inspecteurs, tous les personnels de l’Éducation ont manifesté leur colère le 1ᵉʳ février contre le dévoiement de l’école publique.
Les propos de la nouvelle ministre de l’Éducation n’ont été que le déclencheur du mouvement de protestation du 1ᵉʳ février et ont exaspéré le malaise profond des personnels de l’Éducation. La simple désignation d’un ministère multifonction affichait ouvertement le mépris dans lequel le gouvernement macroniste tient son école publique. Plus que le mépris envers les personnels, ce sont les réformes successives de casse du service public qu’ils dénoncent et leur attachement à une école publique émancipatrice qu’ils défendent. Pour Jean-Pierre Véran, ancien inspecteur d’académie, les dernières réformes proposées sont « un puissant retour en arrière, avant 1975 ». Redoublement, sanction, examen d’entrée au lycée, port de l’uniforme, priorité à l’orientation, tri des élèves dès la 6ᵉ, formation professionnelle au service des entreprises, tout est fait pour mettre fin au collège unique donnant à tous les enfants les mêmes chances et le même accès à la culture quelle que soit son origine sociale. Ce sont évidemment les enfants des catégories socioprofessionnelles* défavorisées qu’il faut sortir du système au plus vite.
Les groupes de niveau
L’instauration des groupes de niveau en 6ᵉ en français et en maths dès la prochaine rentrée en est la preuve flagrante. Non seulement cette discrimination n’a rien de positif pour les « bons » comme pour les « mauvais » élèves et va à l’encontre de toutes les recherches en science de l’éducation, mais encore aucun moyen supplémentaire n’est prévu. Plus étonnant encore, aucune loi, aucun décret n’ont confirmé leur valeur légale, mais en revanche les chefs d’établissement sont enjoints de préparer la rentrée 2024 en fonction des groupes de niveaux. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’on leur demande d’appliquer des réformes en catastrophe. D’où leur ras-le-bol.
Des promesses, toujours des promesses
Il est peu de dire que les enseignants aussi en ont ras-le-bol. La revalorisation promise depuis Blanquer (« revalorisation historique » !) s’est traduite par le Pacte, qui permet de gagner plus en travaillant plus (maxime chère à Sarkozy que Macron a réalisée) et qui était censé assurer les remplacements. Le déficit de recrutement montre que les jeunes n’ont pas été dupes de ces annonces. Par ailleurs, les suppressions de postes n’ont jamais cessé au fil des ans. Les classes sont donc de plus en plus surchargées et les enseignants épuisés. Sans parler du « choc des savoirs » qui les prive de toute liberté pédagogique et qui fait qu’ils ne voient plus de sens à leur métier.
En résumé, comme l’hôpital, comme la justice, comme l’agriculture, le système éducatif est au bord de l’effondrement. Sans tracteurs, leur cri d’alerte sera-t-il entendu ?
Anne-Marie Delcamp
*CSP, désormais IPS, indice de position sociale
PS. Une deuxième journée de grève a eu lieu mardi 6 avec un rassemblement devant l’Inspection ainsi que l’occupation d’un collège jeudi 8, jour du conseil supérieur de l’éducation. La colère des personnels de l’école ne semble pas prête à retomber.