Réformes
Souhaitant tourner au plus vite la page de la contestation sociale contre la réforme des retraites, E. Macron a annoncé le 17 avril sa feuille de route pour les 100 jours à venir, dont une réforme de l’école. Loin de l’apaisement soi-disant recherché, il attise désormais les braises de la contestation des enseignants.
Lors du discours télévisé d’E. Macron les enseignants ont eu la surprise d’entendre qu’ils étaient désormais dans le viseur de l’Élysée. En vrac, il a annoncé le « remplacement systématique des enseignants absents », des « enseignants mieux rémunérés », sa volonté de « lier l’enseignement professionnel au monde du travail et à l’apprentissage » et donc de le couper du reste de l’Éducation nationale.
On est maintenant habitué au double langage. Ce que les enseignants ont entendu c’est la mise en place imminente du « Pacte », rejeté depuis des mois par les organisations syndicales, et peu diffusé dans les médias.
Le Pacte prévoit, entre autres, des « briques » de missions supplémentaires, permettant aux enseignants d’améliorer leur salaire. Parmi elles une brique remplacement. En tout état de cause il ne s’agit en aucun cas d’une revalorisation globale du salaire des enseignants, mais d’une augmentation de leur charge de travail s’ils veulent gagner plus.
Les promesses et la réalité
On voit donc bien que le « remplacement systématique des enseignants absents » se fait sur le dos des enseignants dont la charge de travail est déjà évaluée à 43h/semaine par le ministère lui-même. L’autre affirmation, « des enseignants mieux rémunérés », est donc contredite. Certes, une rallonge budgétaire de 1,3 milliards a été votée pour augmenter le « socle » de revalorisation des personnels. Loin, cependant, de la promesse d’augmenter tous les enseignants de 10%, sans contrepartie, annoncée dans la lettre de Macron aux enseignants à la rentrée 2022. Pour concrétiser cette promesse il aurait fallu une rallonge de 3,6 milliards. Ne seront concernés en fait que les jeunes enseignants en début de carrière.
Quant à la réforme de l’enseignement professionnel, les syndicats pensaient que leur forte mobilisation était venue à bout du projet présidentiel de confier aux entreprises la formation professionnelle. Le voilà revenu.
On est encore loin, en France, de l’investissement éducatif. Et quant un pays n’investit pas dans l’éducation, il est voué à sa perte.
Anne-Marie Delcamp