
Tel un voleur de nuit, avec l’ambition de faire disparaître la question des retraites, Emmanuel Macron a promulgué sa réforme en catimini, quelques heures à peine après la validation partielle de son texte par le Conseil constitutionnel. Le message envoyé alors par le forcené de l’Élysée , arcbouté dans sa volonté de faire passer l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, était qu’il n’avait cure de la volonté des trois quarts des femmes et des hommes de ce pays.
Ni l’avis des prétendus « sages », ni la promulgation expresse de la loi ne changent rien à la colère sourde qui traverse le pays. Et l’intervention présidentielle de lundi soir, sur fond de casseroles battues aux quatre coins du pays, n’a rien changé tant le discours était dérisoire. Comment croire le « roi de l’Élysée » quand il parle de rassembler les Français alors que depuis trois mois, il refuse de les écouter ? Comment le croire quand il promet pour la nième fois de s’attaquer aux chantiers du travail, de la réindustrialisation, de l’éducation, de la santé, de l’écologie quand, depuis six ans, enfermé dans sa logique declasse, il n’a eu de cesse de les casser ?
On peut d’ailleurs se demander si Emmanuel Macron est bien conscient du mal qu’il fait à la France, à la démocratie, des risques que cela comporte quand le déni démocratique devient la seule boussole qui en amène beaucoup à douter de la politique et des politiques. Comme le soulignait la nouvelle secrétaire générale de la CGT, il « n’a pas été élu pour réformer les retraites, mais pour faire barrage au Rassemblement national. Et il fait tout l’inverse : avec sa politique, il offre un boulevard au RN. »
Si le président plastronne en affirmant « Ne rien lâcher, c’est ma devise ! », qu’il se dise que c’est aussi celle de l’intersyndicale et des millions de manifestants et grévistes qui sont, depuis des semaines, toujours unis et décidés à ne pas céder un pouce dans leur volonté d’obtenir le retrait de la loi scélérate. D’ores et déjà, les parlementaires de la Nupes ont déposé une seconde demande de référendum d’initiative partagé. Le Conseil constitutionnel se couchera-t-il une nouvelle fois devant le prince-président ?
Mais surtout les actions vont se poursuivre, multiformes, pour déboucher sur un Premier Mai qui sera historique avec une mobilisation qui, selon le secrétaire de la CFDT, devrait « casser la baraque ! », un Premier Mai où toutes celles et tous ceux qui ont au cœur la justice sociale et la démocratie se doivent de répondre « Présent ! »