Édito 4014 – Evelyne Bordet
Voilà, c’est dans le marbre, circulez !
Bien décidées à faire entendre qu’elles ne se contenteront pas de symboles, fussent-ils puissants, c’est dans la rue, le 8 mars qu’elles l’ont exprimé avec force. Au cœur des manifestations partout en France, l’égalité salariale et professionnelle, premier indicateur de l’urgence à vaincre les clichés qui perdurent. Notamment sur la maternité et la parentalité qui restent les premiers facteurs de discrimination. Les préjugés sexistes sont autant de freins à des parcours professionnels analogues à ceux des hommes.
Temps partiels imposés, discriminations, salaires inférieurs à compétence égale, dévalorisation des métiers à prédominance féminine via l’absence de reconnaissance de leurs compétences et de la pénibilité, le chantier est encore colossal.
La grève féministe, c’est montrer que si les femmes s’arrêtent professionnellement et dans le cadre domestique, tout s’arrête. Elle permet de visibiliser le rôle joué par les femmes, une contribution essentielle au fonctionnement de la société, qui est dévalorisée et effectuée en partie gratuitement.
Il s’agit de réaffirmer que la lutte pour les droits des femmes porte le progrès social. Même si beaucoup de militantes et de militants ont œuvré pour que le 8 mars devienne un point d’ancrage des luttes, il reste au fond cette idée que la grève féministe concerne essentiellement les femmes. Elle n’est pas encore pensée comme un mouvement qui permette un élargissement des luttes sociales.
Le féminisme est une exigence radicale qui questionne toutes formes de domination dans notre société patriarcale. Cet angle serait pertinent et le lien entre néolibéralisme et violences sexistes et sexuelles, au cœur des appels à la grève féministe, mériterait d’être davantage explicité !
Alors qu’on est en droit d’attendre des actes politiques majeurs, dans le même temps, le gouvernement « va créer un appel à témoignages » dans le cadre de la mission sur les violences sexistes et sexuelles, a indiqué ce 8 mars Aurore Bergé, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. L’objectif : permettre à l’exécutif de prendre au mieux la mesure de la situation et obtenir une « révélation de ce qu’il se passe ».
Ou l’art de noyer le poisson …