Edito de Michel Marc
Le danger est là, bien présent : Rester dans le commentaire et regarder passer le train. Distribuer les bons et les mauvais points, chacun dans son petit coin. Construire seul(e) ses réflexions, ses pensées, ses convictions. Ne plus échanger, partager avec d’autres. Le retrait progressif et massif de toute vie citoyenne, associative, électorale, militante gagne un peu de terrain chaque jour. On délègue. La perméabilité aux courants idéologiques simplistes, mensongers parfois, réactionnaires toujours, s’installe. Les vérifications les plus élémentaires ne sont plus faites. La vague médiatique emporte l’esprit critique, de plus en plus puissamment.
Deux faits récents interpellent. Le premier. Il y a quelques jours, une jeune enfant était assassinée, hors de tout entendement et de toute rationalité. Un drame absurde et violent. L’OQTF*, et sa soi-disant mauvaise mise en œuvre, est immédiatement convoquée par l’extrême droite, aussitôt relayée par l’ensemble de tout ce qui communique. Deux convictions finissent par émerger et grandir : Le gouvernement n’est pas efficace, renonçant à muscler les mesures d’expulsion et il y a de plus en plus de violences dans notre société, sans qu’aucun regard ne soit porté sur les statistiques vraies et sur ce que recouvrent vraiment les mesures d’expulsion, d’un point de vue humaniste et républicain. Hors de toute analyse, l’étranger est donc coupable. Le deuxième fait s’est déroulé ce week-end, dans les Deux-Sèvres. Samedi et dimanche passés, une manifestation pacifique importante était convoquée, et se tenait (entre 7 et 10 000 participants) pour contester la « privatisation » de l’eau par une partie du monde agricole, et pour contester la construction de méga bassines et le prélèvement d’eau dans les nappes phréatiques. Des familles, des associations, des partis politiques de gauche appelaient donc à ce rassemblement. Il y avait là des jeunes, des enfants, des vieux, bref, des citoyen(ne)s. Réponses : L’État (Darmanin) a d’abord interdit la manifestation, ce qui est grave, et a déployé sur site une armée de gardes mobiles (1 500). Des incidents ont eu lieu. Des interpellations, et quelques coups de matraque ont ponctué la journée. Depuis, la notion « d’éco-terrorisme » habite les discours officiels et envahit l’ensemble des commentaires dits « intelligents ». « C’est clair, il y a un lien entre Écologie et Terrorisme ». La machine à broyer l’esprit critique et les intelligences s’est une nouvelle fois mise en route. Le débat sur l’avenir environnemental n’aura pas lieu.
*Obligation de quitter le territoire Français.