LE TRAVAILLEUR CATALAN

Baptême révisionniste

La place Molière accueillait la mobilisation pluraliste et large contre la volonté du maire actuel de réhabiliter l’OAS* et l’un de ses lieutenants zélés, Pierre Sergent. 

Rappelons simplement que Sergent fut condamné par les tribunaux de la République, et qu’il se rendit coupable d’actes indescriptibles violents en Algérie, pendant la guerre, et d’attentats en France, avant et après les accords de cessez-le-feu. Détermination, émotion et colère. Ces sentiments, qu’ils aient été simplement palpables ou clairement exprimés pas les participants, ont traversé puissamment la manifestation de samedi matin. « Nous sommes trois cents et la lutte commence ». L’ensemble des partis de gauche était représenté. Une esplanade Maurice Audin* a été inaugurée par les participants.

Témoignages :

Danièle Battle, retraitée psychologue, et membre du MRAP* : « Je viens simplement défendre les valeurs de la République, et défendre la démocratie. Qu’on donne le nom d’un fondateur de l’OAS à une place de Perpignan, sans aucune raison, est tout simplement une décision d’extrême droite. Par ces temps troublés, dans le monde et en France, je trouve très intéressant de se serrer les coudes, d’où que l’on vienne. C’est urgent. Au Brésil, en Italie et en France même, des partis font tout pour créer une ambiance trouble et délétère. Nous devons les faire reculer ».

Karine Tartas, 51 ans, responsable départementale de la CGT : « Mon syndicat est membre du collectif anti fasciste « Visa ». Ce n’est pas pour rien. Aujourd’hui, à Perpignan, c’est un moment important. Aliot veur réhabiliter l’OAS et veut plaire à une partie de son électorat historique, les nostalgiques des temps coloniaux. Il réécrit l’histoire franco-algérienne en occultant tout ou partie de ce que fut la guerre et l’occupation.  Aujourd’hui, nous allons mettre à l’honneur Maurice Audin, professeur de mathématiques à Alger, militant communiste anticolonialiste, torturé et tué par les amis de Sergent en 1957 ». 

Clara, 26 ans , nouvellement à SOS racisme : « J‘habite Perpignan. Je suis de gauche. J’ai assisté, impuissante, à l’élection de l’extrême droite. Et maintenant, on assiste à une banalisation du racisme. On atteint un niveau d’indécence grave avec ce projet de baptême de la place. Il faut pas abuser ! Je pense que Aliot, avec ses amis, profitent de l’oubli, de l’ignorance. Hier, nous avons tracté à l’Université et personne ne savait qui était Pierre Sergent ». 

John et Tanguy, 43 et 27 ans, manifestent rarement : « L’idée même de nommer ce lieu public Pierre Sergent, une personne qui s’est rendue coupable d’actes que l’on connaît et qui a été condamné, nous est insupportable. Nous sommes là pour ça. Il faut rendre visible que, dans cette ville, tout le monde n’est pas d’extrême droite ».  

Louise et Alice, 19 et 14 ans : « Nous sommes là pour dire notre désaccord, notre mécontentement contre le nom de celui qui défendait l’idée d’une Algérie française. (…). Quand on nous parle de Perpignan, à l’extérieur, on nous parle d’une ville fasciste. C’est insupportable. Il est temps de revenir sur la mémoire. Trop peu de personnes, et notamment les jeunes, savent qui était Pierre Sergent (…) ». 

Alain Trotel, enseignant retraité et membre du PCF : «  Je suis là parce qu’il faut y être. On sent bien la montée des idées d’extrême droite, voire fascistes. Si nous ne faisons rien, ils n’arrêteront pas, et iront de plus en plus loin. Là, il faut le faire reculer sur le nom de la plaque. Les gens de ma génération, on se rappelle l’OAS, ça nous a marqués, les attentats, les menaces, les assassinats ». 

*OAS     Organisation de l’Armée Secrète, mouvement factieux -*MRAP. Mouvement contre le Racisme et l’Antisémitisme, et pour l’Amitié entre les Peuples –
* Maurice Audin Jeune mathématicien anticolonialiste, en poste à Alger, enlevé et torturé par l’OAS en 1957.

 
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