Collioure. Louis Baloffi, ancien pêcheur et vigneron, est décédé, à l’âge de 101 ans.
C’est devant une foule nombreuse, recueillie qu’un hommage officiel a été rendu à Louis Baloffi, dit P’tit Louis, place du marché à Collioure, jeudi 12 octobre dernier. Figure emblématique, figure incontournable de Collioure, P’tit Louis, ancien pêcheur et vigneron, connu dans le département et au-delà pour ses maquettes de barques catalanes, venait d’avoir 101 ans.
L’hommage.
Guy Lloret, maire de Collioure, Georges Cathala, avocat, et Marie-Françoise Sanchez, responsable du PCF66 ont, tour à tour, pris la parole. « Louis était devenu une légende, même si cette notoriété ne lui plaisait pas» a souligné le maire, « il n’a eu de cesse de défendre les travailleurs(…) Le PCF, il est tombé très jeune dans la marmite » et de poursuivre « conseiller municipal durant trois mandats en tant que délégué au port et aux affaires maritimes, il était écologiste avant l’heure». Tandis que Georges Cathala, ami de Louis a affirmé « P’tit Louis est mort, Collioure est veuve » et de rappeler la rencontre de Louis avec Jacques Perrin, celle avec Hélène, touriste canadienne qui deviendra sa femme, et de conclure par ces mots « lorsque la tramontane soufflera, jaillira de notre esprit le souvenir de P’tit Louis ». Quant à Marie-Françoise Sanchez, elle a rappelé que « Louis n’a jamais oublié d’où il venait, il avait choisi sa famille, le parti communiste (…) Très attaché au journal, le Travailleur Catalan, au temps où Jean Vila, ancien maire de Cabestany, était aux manettes d’IPP – l’ancienne régie de la publicité du journal- il sillonnait le département pour récolter de la pub pour notre journal. Resté fidèle à ses convictions, il faisait partie du comité de soutien à Fabien Roussel lors de l’élection présidentielle.»
L’histoire d’une vie bien remplie.
Louis Baloffi est né à Collioure le 21 septembre 1921. Très jeune, il a été tout d’abord mousse puis pêcheur. Au moment de la seconde guerre mondiale, il est enrôlé dans les chantiers de jeunesse (l’équivalent du service militaire) créés par le maréchal Pétain et destinés à « redresser la jeunesse ». À la fin de ses obligations « militaires » il s’engage dans la marine, tout d’abord sur le Lorrain, puis il devient canonnier sur le Jeanne d’Arc, le navire de guerre qui transportera le gouvernement provisoire d’Alger jusqu’à Cherbourg en 1944, épisode que le maire de Collioure a souligné dans son hommage « P’tit Louis a participé, à la restauration de la République française, à sa façon ».
De retour à Collioure où il ne reste que quelques mois, il s’engage pour une compagnie de fret et de transport de passagers. Il exercera ce travail de 1946 à 1962, date à laquelle il revient définitivement au pays et devient pécheur. Il est bon de rappeler qu’avant la guerre, Collioure était le second port de pêche de la Méditerranée après Sète, la ville comptait alors plus de 600 pêcheurs. Rappelons aussi qu’en dehors de la pêche, chaque patron de bateau ou chaque mousse se voyait octroyer une parcelle de terre pour y cultiver la vigne. P’tit Louis devient donc pêcheur et vigneron jusqu’à sa retraite en 1983, date à la quelle il décide de céder son chalutier. Mais il continuera d’aller en mer jusqu’à ses 85 ans. Une page se tourne alors, Louis s’oriente vers la fabrication de maquettes de barques catalanes qui contribuent à la renommée de Collioure.
Mais on ne peut passer sous silence sa rencontre avec Jacques Perrin, acteur et réalisateur. Celle-ci eut lieu en 1961, date à laquelle Jacques Perrin, venu tourner un film « Et Satan conduit le bal » avec Catherine Deneuve, Bernadette Lafont et Françoise Brion, se noue d’amitié aves les Colliourencs, et en particulier, avec celui qui deviendra son ami de toujours, Louis Baloffi. Cette rencontre a été le point de départ d’autres moments partagés comme la projection, sur la plage Saint-Vincent de Collioure, du documentaire « Océans » primé en 2009 aux Césars comme meilleur film documentaire, sorti en salle 2010,. La dernière rencontre des deux amis a lieu en septembre 2021 : Collioure fête les 100 ans de P’tit Louis. Moment mémorable, inoubliable d’émotion.
À Hélène sa femme, à Jacques son fils, le Travailleur Catalan présente ses condoléances.
Michèle Devaux
