
L’examen du projet de loi « confortant le respect des principes de la République », dit loi sur le « séparatisme », a fait ressurgir des dissensions entre les députés LaREM : d’un côté, les promoteurs d’une laïcité dite offensive, qui sont tombés dans une obsession contre l’islam, de l’autre, les défenseurs d’une laïcité qui se réclament de la loi de 1905. En revanche, le projet fédère contre lui les groupes des députés communistes, socialistes et FI, qui le jugent trop répressif et pas assez social,
Mais, comme l’avaient craint ces parlementaires de gauche, le débat a ouvert la voie à toutes les stigmatisations. En particulier la brèche ouverte par des députés LaREM sur la place du voile dans l’espace public a vu s’engouffrer à coups de surenchères les députés LR et du Rassemblement National qui n’en demandaient pas tant…
En fait, ce débat a mis en évidence qu’une partie de la majorité s’est convertie aux positions les plus droitières, celles qui font vaciller le principe de laïcité.
Pourtant, quand Jaurès, artisan décisif de la loi de séparation, s’interrogeait sur ce qu’était la République, il répondait : « C’est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. » Or le régime d’Emmanuel Macron se caractérise aujourd’hui par beaucoup de défiance et de peur. Défiance, quand les us et coutumes de la population musulmane sont considérés comme des indices de « radicalisation ». Défiance, encore, quand Emmanuel Macron, dans une confusion dont l’extrême droite fait son miel, mélange allègrement immigration, religion, terrorisme et communautarisme.
Le séparatisme des riches
Ne faudrait-il pas aussi chercher le séparatisme du côté de ceux qui sont les adeptes de l’évasion fiscale. Comme, par exemple, JCDecaux, Decathlon, Hermès, LVMH, Kering, Yves Rocher, KFC, 37 des 50 plus riches familles françaises qui ont au moins une société offshore immatriculée au Luxembourg. C’est ce scandale que viennent de dévoiler des médias en mettant à jour, dans le Grand-Duché, l’existence de 55 000 sociétés offshore à la tête de 6 500 milliards d’euros d’actifs. Quinze fois le budget d’un État comme la France ! Et cette fortune échappe à l’impôt normalement dû dans les pays qui l’ont générée.
Pourtant, la main sur le cœur, les dirigeants européens avaient promis de supprimer les paradis fiscaux. En fait, la seule action a consisté pour les États à entrer dans la course au moins-disant fiscal, en offrant aux plus riches les moyens légaux de s’affranchir de leur contribution à la solidarité nationale. En France, Chirac, Sarkozy et Macron se sont acharnés à réduire l’impôt sur le capital. Or, cela n’a conduit qu’à renforcer le « séparatisme » des riches, sans que jamais cela ne ruisselle.
Le contraire du séparatisme porte un nom, ça s’appelle le communisme. Il est peut-être temps de sortir le mot du purgatoire.