Crise énergétique
Depuis plusieurs années, la mise en difficulté d’EDF et ses conséquences ont de quoi inquiéter.
Les sommes correspondantes aux pertes, que l’on entend régulièrement dans les médias, donnent le vertige. Cette situation liée à la politique énergétique de l’état, actionnaire majoritaire, remonte bien plus loin que le moment du déclenchement de la guerre en Ukraine. Le recours à la sous-traitance dans des opérations techniquement poussées et délicates comme l’entretien de certaines structures ou la construction de nouveaux réacteurs nucléaires posent déjà problème depuis longtemps. On a pu observer des problèmes graves liés au manque de savoir-faire, qui ont retardé fortement les chantiers. Les problèmes de corrosion détectés sur quatre réacteurs ont entraîné un programme d’arrêts pour contrôles sur plusieurs installations qui doit se poursuivre jusqu’en 2023. On pense aussi aux conditions de travail du personnel sous-traitant parfois indignes de notre pays. Tout cela a entraîné des conséquences financières importantes qui ont commencé à s’accumuler.
Un enjeu majeur pour le pays
Au début de l’année 2022, l’État a annoncé un relèvement du plafond de l’Arenh (*) (+25%) pour pallier la flambée des prix de l’électricité. EDF a été alors sommée d’augmenter la part d’énergie vendue à ses rivaux jusqu’à 120 térawattheures (TWh) pour l’année.
Pour 2023, Le rapport dette économique /bénéfices a été estimé à « 4,5 à 5 ». Pour autant, comme l’indique l’électricien, « l’ampleur et la diversité des risques auxquels le groupe doit faire face, notamment dans un contexte de marché extrêmement volatil, et les études et travaux que le groupe doit réaliser sur le parc nucléaire français (…), sont susceptibles de peser sur la capacité du groupe à atteindre ces objectifs. Par ailleurs, dans la situation actuelle, les impacts des effets du conflit ukrainien et des tensions géopolitiques associées sur les risques de toute nature sont difficilement quantifiables ».
Dans ce contexte, l’annonce de la reprise par l’état de 100% du capital d’EDF rappelle l’adage des politiques libérales bien connu : nationalisation des pertes, libéralisation des profits.
(*) Arenh : Accés régulé à l’électricité nucléaire historique, le volume d’électricité vendu à bas coût par EDF à ses concurrents.
Pierre Serra