
L’édito n°3973 de Nicole Gaspon
Non content d’hypothéquer pour longtemps l’avenir de milliers de Françaises et de Français avec sa réforme des retraites, plusieurs épisodes montrent que le gouvernement se livre à une véritable guerre contre les pauvres, contre les plus vulnérables de nos concitoyens.
Ainsi des déclarations de Bruno Le Maire à propos des soi-disant « fraudes sociales » que relate un article de notre hebdomadaire. Dans le viseur, les travailleurs immigrés qui aident financièrement leurs familles éloignées. Bien loin pourtant du scandale des milliards qui prospèrent dans les paradis fiscaux. Le Ministre de l’Économie et des Finances assortit ses propos d’une bonne dose de démagogie à l‘égard des classes moyennes qui verraient alors leur argent détourné vers le Maghreb ! Il y a là une stigmatisation détestable, indigne d’un ministre.
Autre épisode, récemment, la vaste opération mise en place à Mayotte par Gérald Darmanin, Ministre de l’Intérieur. Baptisée « Wuambushu » et annoncée comme lutte contre la délinquance, cette opération se traduit par l’expulsion vers les Comores de « personnes en situation irrégulière », la destruction de bidonvilles…C’est d’une grande violence. La défenseure des Droits exprime son « inquiétude », les associations alertent sur les risques comme la déshérence de mineurs isolés, l’aggravation des fractures et des tensions sociales. Cela se passe dans un département français où la carence des services publics est considérable, où 84% des gens vivent sous le seuil de pauvreté. Là aussi c’est la stigmatisation des plus vulnérables, et, sans doute, une opération de communication qui ne règlera rien des maux dont souffre Mayotte.
Dans un autre registre, on peut mettre en regard ces épisodes avec la répression policière lors des manifestations contre la réforme des retraites, contre les projets dévastateurs de l’environnement. Comme ces bavures qui concernent des jeunes de quartiers populaires. Cela procède d’un même mépris du peuple .
Le gouvernement serait mieux inspiré de faire la guerre à la pauvreté, plutôt qu’aux pauvres.