
On ferme les théâtres, les cinémas, les salles de concert, les librairies, les bibliothèques, et même les conservatoires.
Beaucoup d’observateurs soulignent aujourd’hui l’impréparation et le flou des décisions gouvernementales liées à la crise sanitaire, comme leur incohérence. Il est un domaine où ces aspects sont particulièrement criants, celui de la culture. Les artistes, les auteurs, les techniciens…ont toutes les raisons de se sentir méprisés. On ferme les théâtres, les cinémas, les salles de concert, les librairies, les bibliothèques, et même les conservatoires. Inessentiel que tout cela ? Ouvrir les écoles et fermer les conservatoires, quel est le sens de cette décision ? Inessentielle l’éducation artistique ? Pourquoi alors se battre pour la liberté d’expression ? Un peu raide en ces temps où l’obscurantisme refait dangereusement surface.
Voilà qu’en même temps se développe un mouvement en faveur de l’ouverture des librairies, c’est réconfortant. Une pétition, lancée par François Busnel, a déjà recueilli un nombre important de signatures, des anonymes et des grands noms de la littérature. Arguant que « le livre n’est pas un produit comme les autres » les signataires ajoutent « il est un bien qui doit être défendu par la nation. » Ils ne souhaitent pas non plus que s’ouvre un boulevard à Amazone et autres. Cette initiative n’est pas irresponsable, ni ne néglige la pandémie, les librairies, comme les autres structures culturelles, ont mis en place des mesures sanitaires rigoureuses. Elle pose en tout cas la question de ce qui est essentiel ou non dans une société, on peut, je crois, affirmer que dans un contexte de crise aussi exceptionnel, tout ce qui représente un rempart contre l’ignorance et l’intolérance est essentiel, donc le livre. Et il ne faudrait pas confondre cette action salutaire, dont on espère que le gouvernement tiendra compte, avec les gesticulations démagogiques de plusieurs maires, celui de Perpignan en tête, qui font mine de soutenir le petit commerce pour mener à bon compte des opérations de communication.