LE TRAVAILLEUR CATALAN


Javier Cercas en dédicace. © Nicole Gaspon

Littérature

La troisième édition du festival La Moisson se tenait à Céret les 16, 17 et 18 juin dernier, l’occasion de plusieurs manifestations autour du livre et des écrivains, Javier Cercas en clôture.

Céret célébrait la littérature avec La Moisson, festival autour du livre en divers lieux de la ville, avec aussi du théâtre (moment jeunesse avec le théâtre du Gecko), de la musique avec une lecture musicale de 555 d’Hélène Gestern présente. Lecture de Camus, table ronde (Michèle Gazier et Céline Lapertot), hommage à Alexandra David-Neel et les « grands entretiens » avec Hélène Gestern et Javier Cercas, les deux menés par Marc Parayre.

Un programme des plus attractifs que le public a largement suivi.

Rencontre avec Javier Cercas 

En clôture de la manifestation, une rencontre qui restera dans les mémoires.

Venu en voisin de Barcelone où il réside, s’exprimant dans un français impeccable, Javier Cercas se plaît à manier le paradoxe, à titiller son auditoire. Auteur d’une œuvre conséquente, traversée par l’impact de la guerre civile (dont le magnifique Les soldats de Salamine), il vient de publier une trilogie « policière » : Terra alta, Indépendance et Le château de Barbe Bleue (tous chez Actes sud). Le héros de cette trilogie est Mechior délinquant devenu flic après avoir, en prison, découvert et lu Les Misérables. C’est dire l’amour que Javier Cercas porte à la littérature française ! D’ailleurs, pour lui, c’est Flaubert, et Cervantes, qui ont inventé le roman. Tout au long de l’entretien, l’écrivain a passé au crible les notions de mensonge et de vérité à propos du roman. « Je mens beaucoup dans mes romans » avoue-t-il, mais pour ajouter « à travers les mensonges on apprend des choses. » La fiction ? Une nécessité vitale, « parce qu’on ne peut pas vivre toutes les vies que l’on voudrait vivre. »

Don Quichotte, Emma Bovary s’attachent à « vivre la fiction, par-là, ils disent non à la réalité. » D’ailleurs, note Javier Cercas, « tout pouvoir autoritaire n’aime pas ceux qui disent non. » Aussi « le roman est-il essentiel pour la modernité, pour la démocratie. Les fanatiques détestent les romans parce qu’ils veulent des choses très claires, alors que la vérité du roman est toujours ambiguë. Le roman dit l’infinie complexité de l’être humain. »

Difficile d’éviter le sujet de la guerre d’Espagne, toujours en arrière-plan des romans de Javier Cercas, parfois au cœur même de ceux-ci comme Le monarque des ombres dans lequel il évoque un jeune milicien franquiste de sa famille, laquelle « était du côté trompé de l’histoire ». Il l’évoque avec le dualisme « raison politique-raison morale », la première étant du côté des Républicains, les deux ne marchant pas toujours ensemble, pouvant entrer en contradiction.

Un écrivain à lire absolument.

Nicole Gaspon

 
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