LE TRAVAILLEUR CATALAN

NUPES

Le coup de force gouvernemental à coups de 49.3 pour faire passer son budget antisocial ne doit pas faire oublier l’alternative proposée par la gauche.

Les motions de censure passent, mais le projet des partis de la NUPES (151 députés autour de l’alliance PCF, PS, LFI et EELV) pour offrir aux Français une autre perspective que les cols roulés du président Macron pour répondre à la crise a le mérite d’offrir au peuple français des raisons d’espérer. C’est important à un moment où le mouvement social s’installe dans une lutte de tous les instants dans l’Hexagone. 

Les mesures phares ?

– Ce sont 24 milliards d’euros qui sont proposés pour une « garantie dignité de 1 060€ » pour rehausser les minimas sociaux, avec la reprise des arguments de campagne des élections législatives à savoir 1 500€ net pour le SMIC (proche des 2 000€ bruts proposés par la CGT) accompagné du blocage des prix des produits de première nécessité.

– Ce sont 10 milliards d’euros de dépenses de fonctionnement qui sont prévus pour sortir l’hôpital public de l’étouffement, avec un investissement complémentaire de 2 milliards pour les investissements.

– Ce sont 10 milliards de recettes à partir d’une taxe sur les « superprofits » des monopoles, en actant la nécessité d’un référendum pour légitimer cette mesure.

– Ce sont 15 milliards d’euros attendus avec le retour de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune), complété par un volet climatique adapté prenant en compte l’empreinte carbone du patrimoine des grandes fortunes qui pourrait rapporter 15 milliards d’euros.

Les urgences de ce contre-budget sont dans la tradition de ce que la gauche a toujours su défendre dans les grands moments de son rapport avec l’histoire sociale du pays. Partager les richesses plutôt que faire la chasse aux pauvres en produisant plus de précarité dans un pays riche est brûlant d’actualité. Au contraire, ce que nous concocte la gouvernance au service d’une classe dominante particulièrement arrogante, c’est le retour aux recettes d’un libéralisme désormais poussiéreux rappelant le sort fait aux classes populaires à la fin du XIXe. 

Les urgences définies par le contre-budget de la NUPES permettent à la gauche d’avancer unie sur l’essentiel, sachant que sur quelques points sensibles les débats se poursuivent, notamment l’évaluation du cadre général d’un nouveau service public autant que les conditions du retour à l’emploi digne et pérenne sans lequel les réformes sociales ne pourraient pas tenir. 

Yvon Huet


Motions de censure et 49.3

Des motions de censure comme s’il en pleuvait. L’histoire hoquette. Le 49.3 fait très régulièrement trébucher la démocratie : trois fois en quelques jours. Macron, son gouvernement, sa majorité relative, ne semblent pas comprendre qu’il y a derrière cette procédure, certes constitutionnelle, une dérive mortifère. Les applaudissements qui fusent chez les macroniens à chaque annonce d’Elizabeth Borne d’engager le 49.3 sont des insultes à tous les électeurs de ce pays. L’inconscience et la provocation seraient elles au pouvoir ? On peut le craindre à écouter la dernière intervention télévisée de Manu.

La question de fond 

Reste une question de fond : que faire ? Déposer autant de motions de censure qu’il y a (aura) de 49.3 pour se donner l’illusion de la fragilité de ce pouvoir, au risque de banaliser un acte fort qui vise à la démission de ce gouvernement, quand on sait que Nupes, Républicains et Rassemblement National sont sur des objectifs totalement opposés. 

Même si le RN pour jouer les trouble-fête et exister sans risque a créé la surprise en votant la première motion de censure provoquant chez Mélenchon et ses amis le sentiment que les jours du pouvoir sont comptés. La politique devrait nous apprendre à nous protéger de nos illusions, à garder notre lucidité, il peut y avoir des surprises, mais la route sera longue de la société juste à construire, les manœuvres d’appareil seront de peu de poids. L’intervention citoyenne, sociale de tous les défenseurs d’une démocratie véritable est le passage obligé d’un engagement sans faille pour une république de progrès, de transformation sociale. Il y faut un rassemblement véritable, pas des contorsions opportunistes. Socialistes, écologistes et communistes de la Nupes l’ont compris.

Jean-Marie Philibert

 
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