LE TRAVAILLEUR CATALAN

Climat urgence

2023 s’annonce comme une mauvaise année pour l’eau.

Nous entrons dans la nouvelle année et toujours pas de pluie ! C’est grave car les précipitations hivernales sont idéales pour recharger les nappes profondes (pliocène) et plus superficielles (quaternaire). Celles de printemps, que l’on espère abondantes, ne seront pas aussi efficaces car une partie sera absorbée par la végétation.

La situation des nappes de la plaine du Roussillon est catastrophique, jamais nous n’en avons connu de pareille. Les six unités de gestion qui couvrent le territoire catalan sont en situation d’alerte renforcée (dernier stade avant celui de crise qui réserve l’eau au seul usage domestique), c’est en tout cas ce que suggère le syndicat des nappes au préfet des P.-O. qui est le seul à même de décider des arrêtés Sécheresse.

Que cela soit la vallée du Tech (qui devrait être en niveau de crise), celle de l’Agly et de la Têt ou la zone du Rear, aucune commune, aucune communauté de communes, n’est à l’abri de la sécheresse. La solidarité s’impose !

Nous ne pouvons aborder le printemps et l’été prochains sans faire autre chose que guetter les stratus, lorgner les nimbus ou faire les yeux doux au moindre cumulus. En effet nous n’aurons peut-être pas la chance, comme l’an dernier, d’un printemps pluvieux qui a alimenté les deux nappes et rempli nos barrages (Vinça et Caramany) ce qui a permis de soutenir l’étiage de nos fleuves et d’éviter la catastrophe.

Aujourd’hui ce n’est plus le cas et le représentant de l’État est amené à prendre des arrêtés sécheresse même en plein hiver. C’est inédit !

Pourtant notre département est sans doute l’un des mieux dotés en eau de toute l’Occitanie (nappes, rivières, barrages, canaux), c’est la gestion que nous en faisons qui aggrave considérablement le niveau et la qualité de la ressource. Nous pouvons encore réagir collectivement en dépassant les égoïsmes et les petites querelles politiciennes, le sujet et les enjeux sont trop importants pour notre département, sa population son économie.

Des solutions de court, moyen et long terme existent

Il convient en premier lieu, bien sûr, de poursuivre les efforts visant à économiser l’eau dans tous les domaines : rendement de réseaux, pédagogie notamment auprès des jeunes générations, transport de l’eau et maillage des divers réseaux, recharge des nappes par les canaux, recherche de ressources alternatives, meilleure exploitation de la retenue d’eau de Villeneuve-de-la- Raho et des divers Karsts comme celui des Corbières, du Montou….

Pour atteindre de tels objectifs, une gestion collective à l’échelle départementale s’impose ainsi que des investissements importants. Il est nécessaire aussi de fédérer l’ensemble des acteurs de l’eau pour travailler, avec la Chambre d’agriculture un schéma départemental de l’eau brute. La question des retenues de stockage en particulier dans la vallée du Tech ne doit plus être un tabou, comme la réutilisation après traitements des eaux usées (faisabilité à l’étude à Claira et à Albères – Côte Vermeille – Illibéris) ou construction d’un aqueduc enterré entre Vinça et la Raho dont la retenue peut atteindre 17 millions de m3 (étude de faisabilité lancée par le Département).

Clairement des solutions existent pour améliorer considérablement notre gestion de l’eau ce qui impactera positivement la ressource, pour cela il faudra pas mal d’investissement et beaucoup d’intelligence politique ! Quand on sait que les deux se raréfient…

Nicolas Garcia

Président du syndicat des nappes de la plaine du Roussillon, en charge de l’eau au Département.

 
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