LE TRAVAILLEUR CATALAN

L’étito de René Granmont

Elles sont massives, joyeuses, bon enfant, ces manifestations qui, de semaine en semaine, grandissent pour clamer l’opposition majoritaire du peuple au projet de réforme du gouvernement. Elles sont calmes, tranquilles mais porteuses d’une volonté inébranlable de refuser le report de l’âge de la retraite à 64 ans. 

La Première ministre dit avoir entendu l’insatisfaction, doux euphémisme pour parler de colère. Elle va « bouger » a-t-elle promis… Bouger pour donner des miettes aux députés de droite et ainsi tenter de sauver un texte rejeté par sept Français sur dix. 

Car, devant l’extrême difficulté dans laquelle se trouve enfermé le gouvernement – d’un côté une très large unité syndicale, de l’autre une opposition de gauche qui se bat pied à pied à la Chambre où la majorité parlementaire est si incertaine –, la peur de l’échec a gagné les rangs macronistes. Incapables de justifier ce recul social. Ils sont arcboutés sur des éléments de langage qui ne convainquent personne mais qu’ils répètent à l’envi : « la réforme ou la faillite » ou « ce n’est pas la rue qui fait la loi ». Certes, mais si c’est le Parlement qui fait la loi, pourquoi avoir réduit la discussion à la portion congrue, pourquoi avoir refusé de maintenir la discussion durant le week-end ?

Alors toutes les petites manœuvres sont bonnes pour détourner l’opinion de l’essentiel, pour éclipser les débats, taire la réalité du projet et les propositions des élus de la Nupes. Les manifestations restant calmes et déterminées, il faut, avec l’aide de commentateurs médiatiques, qui ont leur place à la table élyséenne auprès du souverain républicain, lancer une campagne étouffante sur « le climat de violence ». Certes, jouer au ballon avec la tête du ministre ou pendre une effigie n’est pas, comme la plupart des caricatures, du meilleur goût. Mais il n’y a pas de quoi pousser des cris d’orfraie, hurler à la violence, à la décapitation… Oui les débats sont vifs à la Chambre, comme ils l’ont toujours été quand ils n’étaient pas muselés par l’autoritarisme du pouvoir. Et, si violence il y a, n’est-elle pas aussi dans les huées adressées à Rachel Keke, seule femme de ménage élue à l’Assemblée, lorsqu’elle dit au groupe de la majorité : « Vous mentez parce que vous ne savez pas ce qu’est la pénibilité !  »

Cette fébrilité du gouvernement et de la majorité est un signe, un signe que le mouvement populaire, s’appuyant sur une large union syndicale et sur des forces de gauche déterminées, peut les mettre en échec et faire capoter leur projet. Les prochaines manifestations, les prochaines grèves en devenant encore plus massives vont y contribuer. On ne lâche rien !

 
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