Tout le monde se rappelle du discours de François Hollande au Bourget en janvier 2012 : « Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera jamais élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance ». No comment sur ce qu’il en est advenu. Mon propos est ailleurs.
Où en est le monde de la finance aujourd’hui ?
Il prospère certes, mais dans ce domaine une nouvelle forme apparaît, un variant britannique lui aussi. Décidé- ment cette île est féconde en variants. Depuis le référendum de 2016, le Brexit a été souvent présenté comme un accident que la City financière ne voulait pas. Mais à y regarder de près, il répond aux attentes d’une frange émergente de la finance que la réglementation européenne pourtant soucieuse de cajoler les puissants-dé- range encore trop. On sait aujourd’hui que le secteur financier a consacré les deux tiers de ses investissements en faveur du Brexit. Si la réglementation européenne constitue une forme de constitutionnalisation du néolibéralisme, ce n’est pas suffisant pour ceux qui rêvent d’investir comme bon leur semble, affranchis de toute règle. Marc Fiorentino, expert permanent sur les plateaux TV, avoue : « Des financiers rêvent que Londres devienne un Singapour à l’échelle mondiale… une vaste terre d’asile fiscal ». Singapour sur Tamise. Et voilà que l’idéologie libertarienne pointe le bout de son nez. Le libertarianisme peut-être défini comme une doctrine économique qui vise à limiter toute forme d’intervention étatique en dehors de la garantie de la propriété privée contre le collectivisme et l’étatisme. La Free Market Foundation, think Tank libertarien, prône un capitalisme entièrement dérégulé bannissant toute coercition dans les relations sociales en retirant à l’Etat l’éducation, les infrastructures comme les transports, en privatisant la police, la justice, la défense. Libertarien sur le plan économique, le régime politique visé est aussi autoritaire. Il fait de la répression des mouvements sociaux et de la réduction des libertés publiques la modalité privilégiée de création d’un ordre social. Certaines souches de ce virus mutant « imperiosum rebus oeconomicis » (la finance autoritaire) auraient été retrouvées 55 rue du faubourg-Saint-Honoré.