Le mode d’affectation dans l’enseignement supérieur de plus en plus critiqué.
Il fut un temps où la seule obtention du bac permettait d’accéder à l’Université, qui plus est dans la filière de son choix. Depuis 2009, l’affectation dans le supérieur se fait par un algorithme via « Admission Post Bac » (APB) où demandes de formation et places disponibles sont mises en adéquation. Très critiqué pour son opacité et le tirage au sort pour les filières en tension, APB a été remplacé en 2018 par Parcoursup dans le cadre de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE). Différence notoire : les dix vœux doivent être motivés mais ne sont pas hiérarchisés. Autrement dit les candidats peuvent être affectés dans une formation qu’ils n’ont pas choisie mais sont pourtant considérés comme « satisfaits ». Ces orientations forcées conduisent à un taux d’échec énorme dès le premier semestre.
Le collectif de hauts fonctionnaires « Nos services publics » démontre que Parcoursup ne fait pas mieux qu’APB, question affectation. Avec APB, la moitié des élèves avait leur affectation à l’ouverture des résultats. Avec Parcoursup ce n’est plus que 20%. Les 80% restants sont mis en liste d’attente, attente qui peut se prolonger jusqu’en septembre. « L’an dernier, avec 931 000 inscrits sur Parcoursup, 91 000 jeunes n’ont pas eu d’affectation. Cette année, avec 936 000 inscrits et aucune augmentation significative du nombre de places, il y en aura forcément plus », dénonce l’Unef.
Le collectif pointe aussi la dégradation qu’a apportée Parcoursup dans la relation pédagogique. « Une note n’a pas le même effet si elle sert à classer ou à évaluer ». De plus, les 54 heures prévues pour accompagner les élèves dans Parcoursup ne sont pas budgétisées. Elles se font donc au détriment des heures de cours. Ce que critique aussi le collectif, c’est la part des formations privées proposées par Parcoursup, qui représente désormais un quart des formations.
Le collectif demande un changement radical de politique. Il estime indispensable de remettre le choix des élèves au centre de leur orientation. Il enjoint le gouvernement « de se saisir de l’opportunité que constitue la massification scolaire pour accroître enfin les places dans l’enseignement supérieur public ».
Car tel est bien l’enjeu. Le manque de places dans le supérieur conduit l’État à choisir les formations en lieu et place des élèves, ce qui est en totale contradiction avec son discours sur « l’orientation active ». Et au passage, cela lui permet de cantonner une partie des jeunes aux fonctions requises par le marché du travail.
Anne-Marie Delcamp