
Alors que les études sur la pauvreté sont très nombreuses, la situation des riches résiste à l’examen, le récent rapport de l’Observatoire des inégalités propose des outils d’analyse du sujet. Éclairant.
La seconde édition du « Rapport sur les riches en France » propose une objectivation des conditions de vie des possédants. On y apprend qu’il existe 4,5 millions de riches dans notre pays, soit 7,1 % de la population. Interrogée par L’Humanité (02-06), Anne Brunner, directrice d’études à l’Observatoire, pointe la discrétion, la pudeur relatives à l’état de richesse, aussi, partant du constat de l’absence d’un seuil de richesse précise que l’association en propose un « fixé à deux fois le revenu médian. » Le seuil au-delà duquel on peut être considéré comme riche est de 3 673€ de revenus mensuels après impôt pour un célibataire et 5 500€ pour un couple, « mais les ultrariches gagnent bien plus. »
Un état de lieux nécessaire
L’étude note que de 2010 à 2019 le nombre des riches a baissé mais que leur enrichissement a progressé. « La valeur des 500 plus grandes fortunes professionnelles a été multipliée par quatre en vingt ans » précise Anne Brunner. Le constat est fait que « le retour des généreux dividendes distribués par les entreprises dont ils sont parfois actionnaires et les réformes fiscales voulues par Emmanuel Macron » (Le Monde 03-06) favorisent cet enrichissement. Il s’agit de la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune en impôt sur la seule fortune immobilière et, surtout, de la réduction de la taxation des produits financiers désormais soumis au prélèvement forfaitaire unique, bien plus favorable que le barème de l’impôt sur le revenu. Autant de mesures qui bénéficient particulièrement aux super riches, avec, en regard, le risque d’explosion des inégalités.
Le rapport analyse également l’impact du logement, du patrimoine, de l’héritage…
Un état des lieux particulièrement utile, « il est indispensable de décrire l’ensemble de la société, y compris sa branche la plus aisée. C’est grâce à cette connaissance qu l’on peut proposer des politiques publiques » déclare pertinemment Anne Brunner. Le rapport propose d’ailleurs quelques pistes sur la réforme fiscale, sur l’héritage et la taxation du patrimoine.
Nicole Gaspon