Une conseillère municipale RN de Perpignan est poursuivie pour complicité de provocation à la discrimination. Cela en compagnie de trois autres membres de ce parti qui, en 2013, moment des faits reprochés, s’appelait encore FN. En cause, la publication par ce parti d’un guide à destination des candidats aux élections municipales prônant « d’appliquer la priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux. » Une disposition contraire à la loi comme à la Constitution. Ce guide, entre autres, a été publié sur le site internet du FN dans les Pyrénées-Orientales, notamment à Perpignan, l’élue perpignanaise aurait assuré sa diffusion. L’affaire sera jugée cet automne.
Au-delà de l’aspect juridique, ceci ne peut que susciter émotion et perplexité. Émotion au vu de la tonalité hautement discriminatoire, stigmatisante de la disposition. Perplexité, quand on sait que l’élue en question est directrice du CCAS de la ville. Entend-elle mettre en pratique aujourd’hui les préconisations de ce guide tant pour l’attribution de logements sociaux que pour celle des aides sociales ? On imagine les dégâts d’une telle philosophie alors que le bon sens veut que les logements sociaux aillent à ceux qui en ont besoin, et qu’ils soient soient construits en nombre suffisant. Laisser les « étrangers » dormir dans la rue réglera-t-il le problème ? Ne faut-il pas plutôt prendre à bras le corps cette question majeure qu’est le logement ? Faire avancer l’idée d’un toit pour tous ?
Cette question du logement est un exemple parmi d’autres de la façon dont le débat public peut être empoisonné.
Il s’avère que Marine Le Pen, candidate à l’élection présidentielle, a mis la priorité nationale à son programme, elle envisage même de proposer un referendum afin de changer la Constitution.
Au moment où Zemmour, possible prétendant à la présidentielle, et ses thématiques nauséabondes bénéficient d’une honteuse promotion médiatique, on est en droit de s’inquiéter du climat dans lequel va se développer la campagne électorale. Faut-il accepter qu’elle tourne autour de la discrimination raciale, du rejet de l’immigration, de l’antiféminisme… ? Il y aurait là comme un écran de fumée, une manière de détourner les Françaises et les Français des vrais problèmes, désindustrialisation, dictature de la finance, inégalités, injustice fiscale, bas salaires, chômage, retraites… Les citoyennes et citoyens doivent avoir à cœur d’intervenir afin de remettre le débat sur de bonnes bases, les mobilisations qui s’annoncent pour ce début d’automne pourraient bien les y aider.