Catalanité
Le Tribunal administratif a tranché : le catalan ne peut pas être utilisé pour lire les délibérations des conseils municipaux de Catalogne Nord s’il est placé devant le français et même s’il est traduit in extenso en français.
Pourtant, des cinq communes qui ont résisté à l’injonction gracieuse du préfet de retirer cette décision de leur règlement intérieur, au point de se retrouver devant le juge administratif, aucune n’a été impressionnée et toutes se préparent à faire appel de cette décision incompréhensible.
Elne a été la première commune à changer le règlement du conseil municipal pour permettre aux élus qui le souhaitent de lire les délibérations en catalan, la traduction intégrale en français étant immédiatement faite.
Une quinzaine de communes, dans un premier temps, lui ont emboîté le pas même si, après que le représentant de l’état dans les P.-O. leur a demandé de retirer ce point de leur règlement, seulement cinq sont demeurées fermes. Elles parlent maintenant d’aller jusqu’au bout (cour d’appel et cour Européenne). Les maires d’Elne, d’Amélie-les-Bains, de Port-Vendres, de Saint-André et de Tarerach souhaitent que la langue catalane de nos grands-pères devienne celle de nos petits-enfants.
La décision du Tribunal Administratif porte toutefois des aspects positifs
D’abord, contrairement à ce que prétendait le préfet, le juge reconnaît que la décision de ces conseils municipaux ne constitue aucune atteinte aux droits fondamentaux d’autres individus. Ensuite que le catalan peut entrer dans les conseils municipaux s’il traduit du français et non l’inverse. Pourtant les cinq maires n’acceptent pas que le sujet soit traité d’un point de vue de la hiérarchie linguistique. Ils privilégient la dimension pédagogique car le problème est bien là : le français n’est pas en danger en France, le catalan, le basque, l’occitan, le corse, Le breton, l’alsacien oui.
Cette affaire a eu un énorme retentissement médiatique et politique dans le Principat de Catalunya, beaucoup moins en France où pourtant le débat national finira par arriver. En effet, l’une des questions posées par les cinq édiles catalans et par la décision du juge de Montpellier est la suivante : « La République française a-t-elle un futur si elle ne fait pas des langues et cultures qui la composent un atout, une force, plutôt qu’un handicap ? ». Une administration et une justice « glotophobes », avec un état schizophrène qui, à la fois interdit l’expression en catalan dans les conseils municipaux et copréside l’office public de la langue catalane qui a pour but de populariser le catalan dans l’espace public puis qui signe une charte prévoyant que d’ici 10 ans tous les élèves qui le souhaitent puissent apprendre le catalan, ne sont pas de nature à faire avancer notre pays vers la valorisation de ses différences.
Nicolas Garcia