Syrie. La cour d’appel de Paris vient de confirmer la mise en examen du groupe cimentier.
Le groupe est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d’euros à des groupes terroristes, dont l’organisation État islamique (EI), ainsi qu’à des intermédiaires, afin de maintenir l’activi- té d’une cimenterie en Syrie à Jalabiya alors que le pays s’enfonçait dans la guerre. Ces versements pourraient avoir atteint entre 4,8 et 10 millions d’euros pour le seul groupe EI. Lafarge est également suspecté d’avoir vendu du ciment de l’usine à l’EI et d’avoir payé des intermédiaires pour s’approvisionner en matières premières auprès de factions jihadistes.
Un soulagement pour les parties civiles
L’association European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR), partie
civile dans ce dossier a salué auprès de la presse « une décision emblématique ». « On espère que les juges d’instruction vont pou- voir finir leur travail », a-t-elle ajouté. « C’est un pas de plus contre l’impunité des auteurs des pires crimes d’acteurs économiques : aujourd’hui, il n’est plus possible de se cacher derrière le petit doigt de l’igno- rance organisée », a applaudi Me Jo- seph Breham, avocat d’une centaine d’ex-salariés syriens.
« C’est un soulagement et une étape importante pour les anciens salariés syriens », « exposés (…) à un risque immédiat de mort et de blessure grave par des groupes armés (…) alors même que l’ensemble des salariés expatriés étaient évacués de manière définitive en 2012 », ont relevé Me Mathieu Bagard et Élise Le Gall, avocats d’une cinquantaine d’autres salariés syriens parties civiles. « Il faut désormais faire la lumière sur les responsabilités et le degré de connaissance de cette complicité de crime contre l’humanité des acteurs publics », a demandé Me Arié Alimi, avocat de la Ligue des droits de l’homme (LDH).
Dominique Gerbault