On aurait pu croire que dans notre temps d’attention soutenue portée à l’environnement, à la nature, à son respect, certains spectacles où la nature devient le déversoir de tout ce qui nous dérange nous seraient épargnés. Eh bien non ! Cerise sur le gâteau, le lieu qui sert de poubelle est très estimé des gens d’ici, comme de ceux d’ailleurs. Il s’agit d’une plage à l’ancienne qui a évité l’urbanisation, qui a gardé ses petites maisons construites sur le sable, qui sert de transition entre la côte sableuse et la côte rocheuse…
Vous avez reconnu Le Racou !
Au Racou, on n’en revient pas. La jetée qui encadre l’ouverture du port d’Argelès est en cours de réfection, de solidification, depuis des mois. Paraît-il que c’était une nécessité. Des fonds marins qui sont creusés pour permettre ces travaux et mettre en place la nouvelle jetée, sont sortis des quantités très importantes de produits noirâtres, des déchets portuaires peu ragoutants, absolument pas identifiables dont visiblement personne ne sait que faire.
Que pensez-vous qu’il arriva ? On informa, on discuta des différentes options possibles. Oh que non ! Vous n’y pensez pas, la municipalité d’Argelès a trouvé la solution : grâce à une noria de gros camions chargés de la chose (beurk) on l’a transportée sur la plage d’à côté, celle du Racou qui se trouve transformée en zone nordique avec des terrils bien sales aux dimensions surprenantes. Les touristes attendus sans doute apprécieront, ce qui peut apparaître comme un ré-ensablement inattendu.
Comme le spectacle risquerait de virer au cauchemar pour les amoureux du lieu, des engins viennent régulièrement pousser des quantités de ces cochonneries inconnues vers la mer où elles s’écoulent lentement avec l’espoir qu’elles y disparaissent. En attendant quelques baigneurs sur la plage font trempette dans la gadoue… Argelès revendique le pavillon bleu…peut-être aura-t-il le pavillon marron. À moins qu’un éclair de lucidité conduise la municipalité à prendre conscience qu’elle fait une bêtise.
Jean-Marie Philibert
