LE TRAVAILLEUR CATALAN

Ambiance morose

L’édito Evelyne Bordet

Des « gilets jaunes » au « convoi de la liberté », la confusion des luttes marque le symptôme d’une société en souffrance, où les mouvements sociaux viennent percuter un débat politique souvent indigne, et sans cesse confisqué. Du matin au soir, l’espace médiatique est saturé par un projet de guerre sociale qui désigne toujours « l’autre » comme le coupable, et fait ainsi l’impasse sur l’exploitation capitaliste, les dominations de toutes sortes, les énormes profits et dividendes versés aux actionnaires par les grandes entreprises et les fonds financiers. Alors que ces thèses nauséabondes perdurent, le président de la République se place délibérément au-dessus de la mêlée, afin de se présenter au bout du compte comme le seul recours,  le sauveur, le héros, celui qui aura vaincu la pandémie et bien d’autres choses encore …

Dans un patchwork inédit, chacun vient avec sa colère pour exprimer son ras-le-bol. Ce ressentiment est légitime, tant le mépris du pouvoir est cinglant. Les revendications qui animent les manifestants ont des racines communes : la dureté de la vie ou comment boucler les fins de mois ? Ces questions essentielles sont peu audibles, et les ignorer conduit au risque de voir grossir le bataillon des abstentionnistes. Comment les raccrocher à une gauche qui renoue avec les classes populaires ? Quand le bloc des droites et l’extrême droite totalisent 46% des intentions de vote, la question peut sembler pertinente ! 

Ne laissons pas dérouler ce scénario où les électrices et les électeurs sont sommés de choisir entre des droites et extrêmes-droites aux frontières de plus en plus floues, pour une société encore plus dure, plus brutale, plus divisée. La légitime colère, le ressentiment, ne doivent pas se traduire par l’abstention, ce qui anéantirait toute aspiration à une société plus égalitaire.

Une ambiance mortifère, dont seul Fabien Roussel, prend le contre-pied. Avec son franc-parler et son slogan « Les jours heureux », il a réussi déjà à remettre la question sociale dans le débat, à parler d’espoir alors que la mal-vie est partout. Il bouscule, il intrigue, il dérange… Reste à retrouver la force du lien avec les déçus de la gauche, leur redonner envie de reprendre leur place dans le débat, en portant le combat de la dignité et, pourquoi pas, du bonheur ?

 

 
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