
Notre personnel politique actuellement aux manettes, a pris l’habitude, les doigts encore tous collants du pot de confiture dans lequel on vient de le surprendre, de se ruer devant les caméras et les micros de la presse pour « assumer » leurs décisions, parfois leurs actes, rarement leurs erreurs…
Assumer. Voici ce que Le Petit Robert – une pensée pour le regretté Alain REY- nous dit à propos du verbe « assumer » :
Le verbe transitif ASSUMER est emprunté au latin assumere « prendre pour soi » et, en latin chrétien, « se charger de », dont le dérivé a donné assomption.
Assumer signifie d’abord « prendre, absorber», puis, dans la langue chrétienne et générale « se charger de », le complément désignant fréquemment la responsabilité d’un acte, une charge.
On voit bien avec cette étymologie, qu’assumer c’est prendre sur soi et surtout prendre la responsabilité de ses actes, ses conséquences.
Mais il y a un hic. La morgue, l’arrogance et le mépris du pouvoir quand il vient se justifier devant le vulgum pecus, et surtout l’absence de conséquences liées à ses fautes, donne la désagréable et révoltante sensation que l’on nous dit plutôt : « J’assume et je vous emmerde ! »
Le mea culpa médiatique, cette mise en scène de la confession, se contente du tribunal médiatique, s’exonère du tribunal politique, et s’arrange avec les juges du tribunal judiciaire.
Ainsi, nous voyons celui qui hier exigeait la plus grande sévérité contre le petit voleur à la tire s’indigner qu’on lui réclame des comptes et crier au complot, à la démagogie.
Alors, la litanie des morts ? j’assume ! Les lits d’hôpital supprimés ? j’assume ! la pénurie de vaccins ? J’assume ! Je n’ai pas échoué, cela n’a juste pas marché comme je voulais. Je n’ai pas fait d’erreur, c’est vous qui n’avez pas bien compris, enfants que vous êtes ! L’homo politicus d’aujourd’hui est omniscient, omnipotent, insubmersible et inaltérable. Il est téflonisé, tout glisse sur lui. La démission ne le concerne pas.
On aimerait tant que nos hommes de pouvoir crient plus souvent « j’accuse ! » que « j’assume » et trop souvent le plan de carrière a supplanté la conscience politique dans la doxa des politiciens 2.0.
Mais c’est un jeu dangereux que de se moquer des responsabilités qui incombent à ceux qui ont un mandat dans notre république, car les électeurs eux aussi pourraient se dire, au moment de choisir le bulletin à déposer dans l’urne : « Je fais un choix funeste, mais j’assume et je vous emmerde ! »