Théâtre
Une nouvelle fois, Chantal et Daniel Mesini avec leur Îlot théâtre investissaient pour deux soirées le cadre grandiose du Belvédère du Rayon vert à Cerbère avec deux courtes pièces de Georges Courteline, ” Les Boulingrin ” et ” Monsieur Badin “.
Avec comme troisième larron Dominique Bidaulayle, voilà une équipe qui a l’amour du théâtre chevillé au corps. C’est évident à leur façon de s’emparer d’un texte pour le faire exister. On l’a vu avec leur Duras, avec Melville, aujourd’hui ils ont jeté leur dévolu sur Courteline. Et même si les répétitions n’ont pas été de tout repos en raison de problèmes techniques, une fois sur scène, ils sont dedans, des vrais pros.
Difficile de choisir cadre plus approprié pour le vaudeville que le chaleureux salon art nouveau du Belvédère, déjà un décor en soi. Dès qu’ils y pénètrent, les trois comédiens s’en donnent à cœur joie, une vraie frénésie. Les Boulingrin pourrait aussi s’intituler comment se débarrasser d’un pique-assiette. Ce dernier, Monsieur De Rillette (ça ne s’invente pas) comptait passer les soirées d’hiver au chaud et nourri chez le couple Boulingrin. Ces derniers n’ont eu d’autre solution que de simuler une gigantesque scène de ménage violentant au passage le bonhomme lequel, du coup, file sans demander son reste. C’est très drôle, jusque dans l’outrance.
Avec Monsieur Badin ce sont les fonctionnaires qui sont dans le viseur de Courteline. Son héros n’arrive pas à aller jusqu’à son bureau du ministère, aussi invente-t-il mille fausses excuses. Cette situation était celle de Courteline lui-même qui a réussi à être rémunéré en se faisant remplacer ! Le public rit beaucoup, là aussi, au succulent dialogue entre Badin et sa supérieure.
Du bon vaudeville, des comédiens très impliqués, le spectacle mérite de tourner dans les P.-O. et ailleurs.
N. G.