LE TRAVAILLEUR CATALAN

Nous en étions restés à l’acte 3, mais la pièce n’était pas finie. Ce n’était qu’un entracte que les joyeusetés du festival de Cannes, nous avaient accordé. Nous sommes encore loin du dénouement : il y faudra les cinq actes comme d’habitude dans toute pièce de théâtre avant de savoir si l’unité a porté ses fruits. En attendant il faut observer les moments importants de l’action, les péripéties, les rebondissements et les comportements des protagonistes pour tenter de deviner comment les choses peuvent tourner.

La surprise

D’abord rappelons la surprise, entre la peste brune et le cholera bon chic bon genre,l’électorat de gauche que l’on disait absent, inintéressé, démobilisé a mis lors des présidentielles le pied dans la porte pour qu’elle ne se referme pas brusquement pour cinq ans. C’est là que la vie politique (de gauche, la seule qui m’intéresse vraiment) s’est lancée dans une aventure inattendue, celle de l’unité. C’était cependant une histoire ancienne à laquelle plus grand monde ne voulait croire. Mais là en quelques jours, l’impossible est devenu possible : les socialos, les écolos, les cocos, les mélanchos et mêmes quelques troskos, se sont parlé pour se dire que gouverner ensemble était possible si ensemble on gagnait la bataille des législatives ; Nous ne reviendrons pas sur les pilules à avaler, les bisbilles, sur ce que nous avons dit dans les actes précédents.

Le programme

Reprenons là où nous avons laissé nos camarades (c’est un joli mot) : Ils ont fait un programme pour organiser la chose en quelques jours. La surprise a continué. Avec des mots  nouveaux : « une grande place à l’initiative parlementaire… pour en finir avec les majorités godillotes… ». Et des mesures que la droite exècre « …création d’emploi, en finir avec la flexibilisation… le CDI forme normale et générale… abroger El Khomry… le SMIC à 1 500 €… dégeler le point d’indice dans la fonction publique… rétablir une assurance chômage protectrice… faire la sécurité sociale professionnelle… reconnaître la citoyenneté dans l’entreprise, garantir une retraite digne  à 60 ans … une planification écologique et citoyenne… partager les richesses et justice sociale… éradiquer la pauvreté, droit au logement… défendre et promouvoir les services publics… permettre l’intervention citoyenne… ». Des mots, des valeurs qui nous animent ! Elles rompraient avec des décennies de reculades contre lesquelles il a fallu lutter pieds à pieds.

L’agitation

Et puis il y a plein d’agitation dans tous les lanterneaux pour mettre en place des équipes unitaires, populaires, écologistes et sociales. NUPES qu’il faut dire ! C’est nouveau ! Ça peut rapporter gros ! Mais on ne sait pas encore. L’observateur attentif peut être alors amusé de suivre attentivement constitution et fonctionnement des équipes. Les jeunes pousses côtoyant les vieux renards, les naïfs impénitents affrontant les je sais tout, les apprentis pleins de fougue affrontant les donneurs de leçons, les esprits partisans ne se débarrassant pas de leurs partis pris. Être sur les planches enfin. Ne plus être spectateur. Et au milieu de tout cela, un espoir que ça marche… enfin. Le théâtre de la vie politique n’a d’intérêt que s’il permet à nos vies d’être plus riches (j’ai failli écrire moins pauvres, mais je veux positiver).

Dans cet acte 4 nous sommes encore dans les incertitudes, y croire, mais être lucides. Les sondages en disent peu. Macron manœuvre pour désamorcer notre action. Des incrédules tentent de brouiller les esprits. Toutes les décisions ne sont pas prises et rien n’est joué. Mais une volonté ancienne et jeune à la fois anime ce beau monde : celle de se défaire du désordre existant qu’il importe de réactiver sans cesse. C’est un vrai travail ! Suspens !

Jean-Marie Philibert

 
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