Tous masqués… Ne glissons pas vers un monde déshumanisé !
Depuis début août, le port du masque est de plus en plus imposé dans les rues de dizaines de villes. Les zones rurales n’y échappent pas pour les marchés, les fêtes locales…
En mars dernier, au plus fort de l’épidémie, les autorités politiques et sanitaires expliquaient que le port du masque devait être réservé aux professionnels de santé. Il faut dire que du fait de l’incurie de ces autorités, le système sanitaire se retrouvait dans un complet dénuement.
Aujourd’hui, les stocks et les capacités de production de masques sont reconstitués. Le désastre économique engendré par le confinement incite à changer de stratégie. Alors que le nombre de personnes testées positives au virus rebondit, le masque est érigé en rempart absolu au mal.
Le gouvernement refuse la gratuité des masque. Sale coup pour les budgets familiaux (de 60 à 230 euros mensuels, selon le type de masque pour une famille de quatre personne).
Dans les entreprises à partir du 1er septembre
Les indicateurs de contamination sont repartis à la hausse et les derniers chiffres ciblent les foyers de contamination en milieu professionnel. Selon Santé publique France, 24% des clusters sont dans des entreprises.
Dès le 1er septembre, le port du masque deviendra donc obligatoire partout dans les entreprises sauf dans les bureaux individuels. C’est ce vient d’annoncer Elisabeth Borne. Des dérogations seront possibles, soumises au haut conseil de la santé publique (HCSP). Le gouvernement veut à la fois assurer la protection des salariés afin de les pousser à reprendre leur activité sans non plus contrarier les organisations patronales.
Concernant le télétravail, le gouvernement le « recommande dans les zones de circulation active du virus ». Nul cadre ou précision, l’épisode du confinement a montré les limites d’un exercice qui peut facilement se transformer en exploitation. Le Medef ne veut aucune négociation sur le sujet. Tout juste consent-il à un diagnostic à la rentrée. Et quand le Medef ne veut pas… le gouvernement tape rarement du poing sur la table, même si les employeurs devront fournir les masques imposés sur les lieux de travail.
Et la rentrée scolaires ?
Des inquiétudes légitimes se font jour concernant la rentrée des classes. Dans quelles conditions aura-t-elle lieu ? Familles et personnels enseignants sont dans l’expectative à une dizaine de jours de la date fatidique.
Le confinement a fait exploser les inégalités scolaires et provoqué le décrochage d’un trop grand nombre de jeunes. Il a aussi empêché que les programmes de l’an passé soient convenablement terminés sans qu’aucun lissage ou aménagement ne soit décidé par le ministère.
Tout doit être mis en œuvre pour empêcher qu’un tel épisode ne se répète. Cela passe par la mise en place de groupes allégés et de tous les moyens de lutte disponibles contre la circulation du virus. Le Snuipp-FSU (syndicat majoritaire chez les enseignants du premier degré) veut le report d’une semaine la rentrée des élèves pour que les personnels puisent mieux la préparer.
Protéger ceux qui sont notre avenir, c’est aussi donner les moyens au service public d’Éducation de jouer son rôle. C’est permettre à tous de s’instruire dans les meilleures conditions.
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Drôle de monde que celui qui s’installe ! La peur du virus a mis les corps à distance, bannissant les gestes d’affection considérés comme dangereux, développant le virtuel, masquant les sourires de la jeunesse. Elle a mis à mal l’accompagnement des mourants et les rites funéraires. Elle nous transforme en ombres sans visages, sans expressions, sans sourires et sans identités. Quelle empathie saurons-nous conserver avec les collègues de travail, les passants anonymisés et déshumanisés ? Après la crise économiques et sociale, assisterons nous à une profonde crise psychologique ? La vigilance s’impose.
Dominique Gerbault