LE TRAVAILLEUR CATALAN

Le gouvernement savait que de nombreux.ses bachelier.e.s allaient réussir cette année, mais rien n’a été fait pour les accueillir “, Anaïs Fley.

 Universités. Interview d’Anaïs Fley étudiante en master d’histoire des sciences des techniques et des savoirs à l’EHESS à Paris et secrétaire nationale de l’UEC.

Comment les étudiant.e.s vivent cette rentrée si particulière ?

La rentrée est difficile dans l’enseignement supérieur, comme partout ailleurs. La saturation des facs, qui avait déjà atteint un stade critique depuis des années, rend impossible le respect des règles sanitaires et les étudiant.e.s masqué.e.s se retrouvent entassé.e.s en amphi et en salle de TD. Alors que beaucoup d’entre elles et eux ont certainement des proches fragiles, cette situation est source de stress supplémentaire, après neuf mois compliqués à gérer pour les jeunes. Comme depuis des années, les universités ont désespérément besoin de moyens budgétaires et logistiques pour accueillir dignement les étudiant.e.s (10 milliards de plus par an). Pendant ce temps, Mme Vidal continue de renvoyer la responsabilité de la situation sanitaire dans les facs aux étudiant.e.s. La Ministre n’ayant pris aucune disposition concrète pour préparer la rentrée, le personnel universitaire a donc dû s’organiser tant bien que mal malgré son inconséquence criante. Les étudiant.e.s en payent le prix.

Beaucoup d’étudiant.e.s n’ont pas les moyens d’acheter des masques régulièrement. Une aide spéciale a-t-elle été mise en place ?

Dans certaines universités, comme celle de la Rochelle, des mesures ont été prises pour fournir à chaque étudiant.e des masques lavables gratuits. C’est donc possible. Pourtant, aucune mesure nationale n’a été engagée pour étendre ce dispositif à l’ensemble du territoire.

Parcour sup a-t-il rempli son rôle cette année ?

Si l’on s’entend sur le fait que le rôle de Parcoursup est celui d’une machine à trier les étudiant.e.s à l’entrée de l’université pour fermer ses portes à celles et ceux originaires des quartiers les plus populaires, alors oui. Des milliers de jeunes se retrouvent sans formation à la rentrée, malgré leur bac en poche. Le gouvernement savait que de nombreux.ses bachelier.e.s allaient réussir cette année, mais rien n’a été fait pour les accueillir. Des centaines de familles ont sollicité des dispositifs comme SOS Rentrée, mis en place par le département du Val-de-Marne, depuis la rentrée : aucun de ces jeunes ne manque d’envie de réussir, pourtant notre pays leur ferme les portes de l’enseignement supérieur. 

Que propose l’UEC pour répondre au mieux aux problématiques des étudiant.e.s ?

Union des étudiants communistes

 A l’heure actuelle, plus de 3400 étudiant.e.s se mobilisent avec nous pour un revenu étudiant. Avec notre campagne de rentrée, « Etudier c’est travailler », nous voulons en finir avec cette vision infantilisante des étudiant.e.s, qui voudrait que nous soyons des consommateurs passifs de connaissances, vivant à la charge de la société. Non, nos études sont un travail à plein temps, qui n’est certes pas reconnu comme tel par le patronat, mais qui est pourtant bien réel. Nous ne créons pas de valeur économique, mais nous développons la valeur de nos qualifications et nous nous formons à être compétent.e.s. Sans notre travail et celui du personnel enseignant, il n’y aurait pas de travailleur.se.s qualifié.e.s dans ce pays. C’est grâce à notre activité que la France progresse et qu’elle est capable de se confronter aux défis de notre temps, notamment le défi climatique. Ainsi, il est absurde de fermer les portes de l’université et de refuser de lui donner les moyens d’accueillir dignement les étudiant.e.s. Nous pensons que la gratuité des études doit être acquise pour tou.te.s, français.e.s comme étranger.e.s, et que notre travail doit être reconnu au travers d’un revenu étudiant. Ce revenu, financé grâce aux cotisations sociales et au moins égal au SMIC, rendrait leur dignité aux étudiant.e.s et permettrait à tou.te.s d’accéder à l’enseignement supérieur et d’y réussir dans les meilleures conditions.

 
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