LE TRAVAILLEUR CATALAN

Justice

La réforme de la police suscite la colère de la Police Judiciaire.

Le 6 octobre, 200 fonctionnaires de la police judiciaire se sont rassemblés devant l’hôtel de ville de Marseille, bras croisés et silencieux, formant une « haie du déshonneur »,  lors de la venue de Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, afin de protester contre la réforme de la police prévue pour 2023. Le lendemain, Eric Arella, directeur de la police judiciaire de Marseille, très apprécié, était limogé. Depuis, les manifestations se multiplient dans toute la France.

Un gâchis de compétences

Cette réforme s’inscrit dans le cadre de la logique libérale du gouvernement de « mutualisation des moyens ». Elle prévoit de regrouper tous les services de police -renseignements, sécurité publique, police aux frontières et police judiciaire- sous l’autorité d’un seul directeur départemental, nommé par le préfet.

Ce que dénoncent les fonctionnaires de la PJ et leurs syndicats, rejoints par des magistrats voire des procureurs, c’est d’abord la départementalisation. « L’échelle départementale n’est pas du tout adaptée à la criminalité qui fait fi des frontières administratives » explicite Mathieu Vallet du syndicat des commissaires de police. L’autre crainte c’est que la réorganisation des 150 000 officiers de police, ne permette d’utiliser  les effectifs de la police judiciaire pour des missions de sécurité publique ou de maintien de l’ordre. C’est « un véritable gâchis de compétences » affirme Frédéric Macé, secrétaire de l’association des magistrats instructeurs. Crainte d’autant plus justifiée que le préfet aura la main sur toutes les directions et que sa priorité sera sans nul doute le maintien de l’ordre public. Le risque d’intrusion du politique dans les enquêtes de blanchiment d’argent, de fraudes fiscales, de détournements de fonds, etc, est donc bien réel.

Un autre reproche adressé au gouvernement est la précipitation. Des expérimentations sont menées dans huit départements depuis janvier 2021 (dont les Pyrénées-Orientales, si-si) et que les « retours d’expérience sont catastrophiques », dixit la députée LR Françoise Dumont. Bref une réforme au forceps de plus et un service public démantelé de plus.

Anne-Marie Delcamp

 
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