
Et tout un pays en train de disserter sur la possibilité ou l’impossibilité d’envoyer en prison un ex-président en raison des turpitudes avérées réalisées au cours de son mandat.
Les mœurs politiques sont ainsi faites qu’un certain niveau de pouvoir, de richesses, vous situe d’emblée dans la sphère des intouchables, que la justice ce n’est pas pour vous, que vous n’avez de compte à rendre à personne et que l’universalité des lois ne vous concerne pas. Vous êtes par-delà la démocratie, et vous participez d’une théocratie protectrice de tous les puissants. Ils, elles sont, relativement, nombreux et nombreuses à y croire et à s’autoriser du plus pire au un peu moins pire pour satisfaire des intérêts qui lèseront les autres, la collectivité et s’assiéront avec toute l’allégresse possible sur la loi inventée pour embêter le petit peuple qui pense vivre en république. Le privilège de la puissance…
Un principe fondateur
Le petit peuple, depuis Les Animaux malades de la peste, de ce cher La Fontaine, a bien intégré la leçon d’une justice critiquable et de la nécessité de faire avec : « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir… ». Les puissants en ont usé et abusé jusqu’à se parer d’une innocence surnaturelle et à se croire tout permis.
La justice et ceux qui la rendent ont pendant longtemps hésité à faire bouger les lignes d’une société traversée par la lutte des classes et à faire en sorte que l’universalité de la loi soit ce qu’elle dit qu’elle est : un principe fondateur auquel personne n’est autorisé à déroger. L’évolution des temps, des consciences, le rejet des injustices, les valeurs et les pratiques instaurées par des femmes et hommes de justice soucieux de leurs rôles et de leurs fonctions ont conduit la justice à évoluer.
Le socle de notre citoyenneté
Elle est fondatrice de la citoyenneté, elle est le socle protecteur sur lequel elle se construit. Il est tragique pour lui et pour nous qu’un responsable qui a exercé les plus hautes fonctions ait pu l’oublier… ou tenter de jouer une nouvelle version de la fable « pas vu… pas pris ».
Sarkozy nous avait habitué à quelques incartades qui l’avaient déjà paré d’un bracelet électronique, là on passe à la vitesse supérieure, il est question de le mettre à l’ombre pour avoir tenté une vaste entreprise de transfert de fonds des poches d’un dictateur chevronné vers ses ambitions présidentielles qui nécessitaient beaucoup de moyens, avec la complicité de quelques acolytes peu regardants. Il défendra son innocence jusqu’au bout, parole de Sarko ! En attendant jugé coupable, il doit payer. Je « crains » qu’il ait droit à la « cabane ». En dépit de toutes les âmes sensibles de son bord qui protestent contre une méchante justice qui lui veut du mal.
Jean-Marie Philibert