LE TRAVAILLEUR CATALAN

Edito Evelyne Bordet

« Passe ton bac, et file aux Restos du cœur ! » Tel est le message implicite que le gouvernement envoie aux étudiants en 2022. Le constat est glaçant. Un étudiant sur deux ne mange pas à sa faim. La précarité étudiante s’étend et s’installe…. 

Avec l’inflation, les étudiants sont contraints d’activer le mode « survie ». Durant le confinement, les banques alimentaires ont permis à des centaines d’étudiants de manger pendant que l’état appliquait la baisse des APL et fermait les universités. Ce devait être l’affaire de quelques mois, mais pourquoi ne pas normaliser une situation qui, somme toute, évite de s’attaquer aux problèmes structurels de l’Université ? 

Fin janvier, face à l’affluence étudiante aux portes des banques alimentaires, le gouvernement a lancé le repas à 1€. Quand le terme de « repas » se réduit à un panini, le mépris de la jeunesse est à son comble ! Ainsi, le 22 novembre, le ministre des Solidarités, en association avec la ministre de l’Enseignement supérieur débloque 10 millions d’euros pour les associations de distribution d’aide alimentaire aux étudiantes et étudiants. Cette enveloppe doit permettre de financer environ 300 000 colis alimentaires par semaine, soit un repas par jour par étudiant jusqu’à la fin de l’hiver. Haut les cœurs ! Jusqu’à quand acceptera-t-on une telle maltraitance des étudiants ? 

Notre pays est incapable d’offrir une perspective à sa jeunesse. Pire, la crise énergétique est une opportunité pour accélérer la cure austéritaire alors que le manque de moyens est manifestement structurel dans l’enseignement supérieur. Les fermetures administratives cet hiver, comme à Strasbourg, ou la banalisation du passage au distanciel de certains enseignements ne sont finalement que la mise en œuvre des politiques expérimentées pendant le confinement afin de réduire les coûts sur le dos des étudiants. De fait, les jeunes qui travaillent pour payer leurs études sont en grande majorité issus des classes populaires et souffrent inévitablement du décrochage scolaire. Alors, il s’agit d’imposer la création d’un revenu étudiant, fixé au-dessus du seuil de pauvreté, comme le revendique le MJCF, pour permettre à tous les étudiants de vivre dignement.  

 
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