
Taïwan
L’ile de Taiwan (appelée aussi Formose) est aujourd’hui l’enjeu de l’affrontement entre les deux super puissances que sont la République populaire de Chine et les USA.
L’histoire de cette province chinoise a été de tout temps douloureuse et sanglante. L’île de Taïwan est partiellement conquise par les Mandchous de 1683 à 1895 sous la tutelle des Qing, puis cédée au Japon, par le traité de Shimonoseki (1895), à la suite de la première guerre sino-japonaise. Les troupes du Parti nationaliste chinois (Kuomintang) de Tchang Kaï-Chek arrivent à Taïwan en 1945, dès le retrait des troupes japonaises. La République de Chine recommence à gouverner l’île. Elle a été globalement épargnée par les destructions. À leur arrivée, les soldats chinois s’en étonnent et décrivent un pays développé et presque intact. Rapidement toutefois, des pénuries alimentaires apparaissent et des épidémies de peste bubonique et de choléra se propagent. Très vite, le malaise s’installe entre les nouveaux venus et la population taïwanaise et le 28 février 1947 éclatent des émeutes et leur violente répression, provoquant la mort d’environ 30 000 Taïwanais, et la loi martiale est proclamée, c’est le début de la « Terreur blanche ». Après sa défaite face au Parti communiste chinois de Mao Zedong, Tchang Kaï-chek se replie à Taïwan en décembre 1949, avec près de deux millions de continentaux qui fuient le nouveau régime. Tchang Kaï-chek reprend la présidence à vie de manière officielle en mars 1950. Taïwan vivra alors pendant plusieurs décennies sous une dictature dirigée par le Kuomintang, avec l’appui des États-Unis, qui visait encore à cette époque la reconquête de la Chine continentale.
Un État « artificiel » soutenu par les Américains
Depuis 1971, et la reconnaissance de la République populaire de Chine (RPC) comme seule entité politique représentant l’ensemble du territoire chinois, Taiwan n’a plus de reconnaissance internationale en tant que gouvernement de la Chine. Après l’accession de Pékin au Conseil de sécurité de l’ONU, avec un poste de membre permanent, l’influence de l’ile a été réduite considérablement. Elle possède cependant un rôle économique et industriel majeur dans la région, faisant partie de ce qu’on appelle les « petits dragons » du sud-est asiatique. Les États-Unis ont toujours porté à bout de bras l’île, et en ont fait le poste avancé de leur présence en mer de Chine, ce que, bien entendu, la RPC ne peut accepter. Elle considère Taiwan comme une province séparatiste, dont le gouvernement est illégitime. Xi Jinping, le leader de la Chine continentale a resserré les rangs du Parti communiste chinois (PCC) autour de la volonté de reconquérir Taiwan, d’une manière ou d’une autre. Face à cette volonté, les USA et leurs alliés en Asie, avec l’OTAN, cherchent à contrer l’influence croissante de Pékin dans cette région du monde, au risque de provoquer des incidents graves, aux conséquences imprévisibles. La France, dans cette situation, aurait tout intérêt à se démarquer clairement de l’OTAN, qui, par le jeu des alliances, pourrait nous entrainer dans un conflit qui ne serait pas le nôtre.
Roger Rio