La nomination de Pap Ndiaye à la tête du ministère de l’Éducation pour succéder à J.M. Blanquer a été une véritable surprise. Mais l’homme aura-t-il les moyens de changer la politique éducative macroniste ?

Pap Ndiaye a été nommé ministre de l’Éducation nationale le 20 mai, contre toute attente. Spécialiste de l’histoire des minorités aux États-Unis, de la condition noire et des discriminations raciales, il est salué par ses collègues pour les nuances de sa pensée. Les enseignants reconnaissent son honnêteté intellectuelle et sa droiture et saluent sa nomination qu’il considère comme un désaveu de la politique éducative menée par Blanquer.À l’inverse, l’extrême droite a aussitôt qualifié le nouveau ministre d’« indigéniste » et de « racialiste », rappelant l’accusation d’islamo-gauchisme portée par Blanquer à l’encontre des universitaires. Le choix d’un universitaire à la tête de l’Education semble donc être un virage à 180 degrés, mais pourrait aussi être considéré comme une stratégie visant à désamorcer le vote enseignant. Ce que sous-entend Benoît Teste, de la FSU. 

Les principaux syndicats de l’Éducation, la FSU et l’Unsa, ont été reçus par le nouveau ministre dès le 24 mai. Tous s’accordent à dire que l’écoute bienveillante de Pap Ndiaye marque une rupture totale avec le mépris du précédent ministre, mais ils s’interrogent sur sa capacité à réorienter la politique éducative. Les syndicats ont pu évoquer les urgences, comme la crise du recrutement et la revalorisation, mais le ministre n’a rien laissé paraître de ses intentions. Par ailleurs, la désignation de Jean-Marc Huart, ex-fidèle de Blanquer, comme directeur de cabinet, n’augure pas d’un changement de politique. Les syndicats rappellent d’autre part que les prochaines élections peuvent changer le ministre. Serait-il maintenu, ils n’excluent pas la possibilité de sa démission s’il ne parvient pas à appliquer ce qu’il souhaite. En tout état de cause, les syndicats n’attendent pas un « chamboule tout ».

Anne-Marie Delcamp