Cerbère
L’îlot théâtre propose au Belvédère du rayon vert deux œuvres peu connues de Franz Kafka sur le thème de l’enfance.
Chantal et Daniel Mesini, qui animent la Compagnie L’Îlot Théâtre, affectionnent le Belvédère du Rayon Vert à Cerbère. Dans ce cadre remarquable, ils ont présenté plusieurs créations, de Marguerite Duras, de Courteline… Cet automne, ils ont choisi Kafka, non pas les œuvres les plus connues de l’écrivain tchèque, mais deux textes qui illustrent les relations de Kafka avec l’enfance, la sienne, mais pas seulement. Il s’agit de La Lettre au père et de Kafka et la poupée.
Au départ, une histoire découverte par Chantal Mesini. Se promenant avec sa compagne Dora Diamant, Kafka se trouve face à une petite fille en pleurs ; elle a perdu sa poupée. Il l’aide à la chercher, en vain. Aussi, plusieurs nuits durant, Kafka écrit des lettres censées être de la poupée, expliquant qu’elle est partie en voyage à travers le monde et qu’elle reviendra. Il donne ces lettres à la petite fille. Un texte de Daniel Mesini sur cette histoire, des improvisations avec Chantal et des textes de Paul Éluard constituent la matière de Kafka et la poupée.
Pour l’autre texte, cela commence aussi par une histoire. Kafka rencontre un gamin en larmes parce qu’il a cassé la chope de bière de son grand-père et a très peur de celui-ci. Kafka intervient pour demander le pardon du grand-père.
Cette histoire renvoie à La Lettre au père : le père de Kafka était un tyran, un type odieux, un dictateur, pour qui son fils était un « insecte nuisible » (d’où La Métamorphose). Il lui disait qu’il ne valait rien… Avec La Lettre au père, Kafka règle ses comptes avec son père, qui n’a jamais reçu cette lettre et mourra sept ans après son fils.
Le spectacle présenté au Belvédère aura, selon Daniel Mesini, « une forme hybride, avec mini-conférence, moment façon Apostrophes, lectures et théâtre, une sorte de labyrinthe. » En cette année du centenaire de la mort de Kafka, il s’agit de « montrer un Kafka différent », sa grande attention à l’enfance, alors qu’il est mort à 41 ans sans enfant. Ces textes sont aussi « un traité d’éducation ».
Nicole Gaspon
Franz Kafka au Belvédère du Rayon Vert à Cerbère, Lettre au père et Kafka et la poupée. Spectacle tous publics. Samedi 12 octobre à 19h et dimanche 13 octobre à 18h. 15 €.