LE TRAVAILLEUR CATALAN


Cinéma


Daniel Auteuil signe un film de procès captivant, inspiré de faits réels, dont la mise en scène épouse parfaitement le malaise grandissant du magistrat envahi par le doute.

Daniel Auteuil s’intéresse, et c’est la richesse de son film, à l’intime conviction, à la difficulté du métier d’avocat, constamment sur le fil, en équilibre fragile entre la loi, la vérité, et ses propres émotions. Auteuil glisse avec conviction du film de procès en tragédie intime. Il en fouille toutes les opacités et les troubles.

En nous transportant au cœur d’un procès qui semble interminable, témoins impuissants de son combat obsessionnel, de sa solitude et de sa détresse, Auteuil nous offre une histoire profonde, intense, interprétée avec sobriété. Car, au-delà du suspense sur l’innocence ou la culpabilité de l’accusé, c’est bien cette solitude qui constitue le vrai sujet du film. La solitude d’un homme face à son intime conviction, à ses doutes, à ses certitudes, à ses peurs, et finalement à lui-même. 

Alors que Grégory Gadebois compose un innocent idéal, un homme fragilisé, à la personnalité complexe, de ces gens qui n’ont pas les mots, touchant le spectateur comme il touche son avocat commis d’office. Un face à face sombre, opaque et troublant entre deux hommes, deux mondes, qui auraient pu ne jamais se rencontrer. 

Auteuil précise : « c’est un féminicide, un fait de justice ordinaire, tout en restant terrible. Et la justice rend compte de ça de façon très pragmatique. Je voulais montrer cette réalité… au plus près, au cœur de… Je ne sais pas comment bien le dire, mais il m’est apparu qu’il fallait amener de la vie dans cette histoire… » Et pour le coup, c’est réussi ! Auteuil nous place au cœur des personnages, dont en ressent le moindre frémissement, au plus près de quelque chose qui nous dérange, et dont on voudrait bien se défaire.

Le « fil » pourrait symboliser le lien ténu entre la vérité et le mensonge, confirmé par un rebondissement final que chacun espère, comme une délivrance, pour sortir de ce climat de tension … et qui s’avère tortueux et déroutant à souhait.  Splendide !

Evelyne Bordet

 
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