La répression déployée par Kaïs Sayed, autocrate sans limites, prend l’allure d’une véritable chasse aux sorcières.
Aucun milieu social n’est à l’abri de la répression qui se déploie en Tunisie, servie par un appareil sécuritaire hors procédures et le poids des syndicats de policiers. Le président a mis en place une machine infernale qui multiplie les coups de filet en utilisant écoutes, surveillance de domiciles, contrôle des réseaux sociaux, dénonciations. La magistrature, dûment épurée et soumise au président, étant utilisée pour judiciariser les poursuites. Le président, de son côté se livre sous l’œil des caméras à des diatribes répétées. Prétendant défendre « le peuple » martyrisé par Eux, ceux de toutes sortes qu’il désigne comme ses adversaires, Kaïs Sayed s’en prend indistinctement aux partis politiques, qui ont tenté de freiner son accès au pouvoir absolu, au journalisme indépendant et à tous les corps intermédiaires capables d’exprimer des opinions critiques. Ce faisant il prétend défendre « le peuple » menacé et spolié par des adversaires qu’il dénomme ses ennemis, car ils le mépriseraient, jouiraient de privilèges, s’enrichiraient, aux dépens du peuple bien sûr. Mais qui surtout, ont le tort de ne pas se soumettre à son « magistère ».
Des attaques encore plus profondes du corps social, notamment contre les jeunes
S’emballant, la machine répressive pénètre plus profondément le corps social, en visant particulièrement les jeunes, poursuivant systématiquement les « mouvements de jeunes et de citoyenneté », et même des groupes de jeunes sportifs. Ce faisant la répression affecte aussi les milieux populaires, elle touche quiconque prétend user du droit inaliénable à la liberté d’opinion et d’expression. Dans divers quartiers ou localités, des affrontements fréquents opposent des groupes de jeunes à la police, particulièrement à la suite d’arrestations
Et dans ces conditions la machine répressive tend à échapper au contrôle de ses promoteurs.
Conduisant peut-être à un effet boomerang dont on ignore quelles formes et orientations il pourrait prendre dans un pays confronté aux pires difficultés que de plus en plus de jeunes cherchent à déserter.