Édito du n°4034
Cinquante jours de théâtre, de mises en scène, d’écritures de scénario, de circonvolutions, d’hypothèses, de suppositions, de paris sur l’avenir, d’oukases improbables et non fondés, d’analyses bidon, de pronostics infantiles, de jugements froids, de castings indignes, et j’en passe. Le président tente d’amuser le bon peuple, le tient en otage, évoque même, sans rire, une « possible instabilité constitutionnelle », lui, l’incendiaire suffisant et plénipotentiaire qui a joué et a piétiné la démocratie la plus élémentaire. Son camp a pourtant perdu. Et bien perdu.
Qu’à cela ne tienne. Les mêmes, ou presque, seront aux affaires après la défaite cuisante. Travelling, puis gros plan : « celui-là a la stature d’un homme d’État. De plus, il est de gauche et de droite et sait s’adresser à tous, il a une bonne tête. Celle-là pourrait convenir. Elle est de droite et un peu de gauche, et sympathique par-dessus tout. Un autre a fait ses preuves et son CV parle pour lui. De plus, il cire bien les pompes et il est élégant… ». Des heures de vide sidéral.
Tout est fait et mis en place pour écarter les débats fondamentaux, pour infantiliser les citoyens. La stratégie est rodée. Ne rions pas. C’est grave.
Les rédactions, en général, ne s’honorent pas à accompagner la farce jusqu’à la nausée, y compris, et peut-être surtout, les médias du service public. Ils et elles nourrissent avec délectation et constance les cases du casting : « lui coche toutes les cases ! ». Disons-le, des personnalités dites de gauche se prêtent encore et toujours à ce jeu dangereux. Ils en sont la caution utile.
À l’heure où est écrit cet édito, rien n’est acté. Les représentants patronaux du Medef sont rassurés. Les gros actionnaires sabrent déjà le champagne. Les agents des services publics s’apprêtent à subir les restrictions budgétaires.
À moins que… Une immense réaction est nécessaire. Chacun l’aura compris. Partout, il faudra se lever. Ce ne sera pas facile. Les manifestations prévues, le 7, la grève du 10 dans l’enseignement et la fête de l’Huma donneront le ton de la révolte.